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En direct du monde. Au Mali, les électeurs appelés aux urnes dimanche pour l'élection présidentielle sur fond de violences jihadistes

Les électeurs maliens votent dimanche pour désigner leur chef d'État. 

Article rédigé par franceinfo - François-Xavier Freland
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Derniers jours de campagne pour les 24 candidats à l'élection présidentielle au Mali, le premier tour est prévu le 29 juillet 2018. Dans les rues de Bamako, leurs affiches sont partout, comme ici le 26 juillet.  (NATHANAEL CHARBONNIER / FRANCE-INFO)

Huit millions d'électeurs maliens sont invités dimanche 29 juillet à élire leur futur président. Pour ce premier tour, 24 candidats se présentent, dont une seule femme. Les deux favoris sont le président socialiste sortant Ibrahim Boubacar Keïta, et son challenger Soumaïla Cissé, ancien ministre des Finances. 

La campagne s'est tenue dans un climat morose, marquée par la recrudescence des actes terroristes. L'élection va d'ailleurs se dérouler sous haute surveillance militaire : 4 000 soldats africains, plus de 10 000 Casques bleus, et 1 000 soldats français sont déployés sur tout le territoire, pour assurer la sécurité autour du scrutin.

À Mopti, au centre du pays sous la menace jihadiste 

La grande ville du centre du pays a été particulièrement visée ces derniers temps par des attaques qui terrorisent les populations. La semaine dernière, la piste de l’aéroport de Sévaré a été visée par des tirs d’obus, sans faire de victimes, mais quelques dégâts matériels. C’est ici que se trouve l'essentiel des troupes du G5 Sahel, la coalition d’armées africaines, censée prendre le relais de l’opération militaire française Barkhane. C'est d'ailleurs près de cette région qu'en janvier 2013, l’opération militaire franco-africaine Serval avait été lancée pour mettre fin à l’occupation jihadiste au nord du Mali. Le pays pensait s’être débarrassé de la menace terroriste, mais c’est une région pauvre avec des tensions ethniques, et tout cela profite évidemment aux jihadistes. Certains d'ailleurs n'ont pas forcément gardé un mauvais souvenir de l'occupation, explique Ibrahim Maiga, chercheur à l'Institut de Sécurité Afrique : "Beaucoup de gens se sont tournés vers la religion et ont apprécié la justice qui était rendue par les groupuscules jihadistes. Beaucoup reconnaissaient leur gestion brutale, mais appréciaient quand même cette justice, et son application impartiale."

Sentiment d'abandon pour les jeunes désoeuvrés 

Le sentiment de justice corrompue et de délaissement de la part des autorités centrales a incité certains jeunes à rejoindre les rangs des jihadistes. Le principal opposant au président sortant, Soumaïla Cissé "veut faire renaître l’espoir", c’est son slogan de campagne. Lors de son grand meeting de campagne jeudi 26 juillet à Mopti, choisie justement pour le symbole, il accusait l’immobilisme et cette fameuse corruption supposée généralisée au sommet de l’État, qui empêche selon lui, l’argent du développement d’arriver au centre et au nord du pays : "Mopti est un vrai symbole. Dans le temps, c'était pratiquement la deuxième ville économique du Mali, avec l'exploitation du poisson."

Les difficultés liées à la pauvreté sont là. Si bien que cela crée des problèmes d'errances, d'emploi et ça finit toujours par le jihadisme.

Soumaïla Cissé

à franceinfo

Le président sortant défend son bilan 

Si l'opposition accuse Ibrahim Boubacar Keïta d'avoir délaissé ces régions du Mali, il ne faut pas noircir le bilan du président sortant surnommé IBK. Il est d’ailleurs le favori dans les sondages, et vise une victoire au premier tour. Ibrahim Boubacar Keïta se targue d’avoir remis de l’ordre dans la maison et d’avoir remis sur pied une armée malienne en déroute lors de l’occupation islamiste de 2012, et dont la base la plus importante est à Mopti. Cette ville était un peu le dernier verrou, en 2012. On disait alors : si Mopti tombe, les jihadistes planteront leur drapeau noir à Bamako.
 

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