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En direct du monde. Au Mali, l'Eglise est accusée d'avoir dissimulé 12 millions d'euros sur plusieurs comptes en Suisse

L'Eglise malienne est dans le collimateur des journalistes. 12 millions d'euros auraient été dissimulés en Suisse il y a une quinzaine d'années.

Article rédigé par franceinfo, Anthony Fouchard, Alexis Morel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Chorale lors d'un office dans la cathédrale de Bamako. (GODONG / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL)

L'Eglise catholique malienne est accusée d'avoir dissimulé 12 millions d'euros sur plusieurs comptes en Suisse. Des révélations issues des SwissLeaks. La fuite de ces documents bancaires en 2015 avait dans un premier temps épargné l'Eglise. Mais une enquête de deux journaux maliens a fini par révéler le jeu trouble de plusieurs prélats du pays.

Douze millions d'euros ont été répartis sur sept comptes bancaires différents au moins, de 2002 à 2007, par la conférence épiscopale malienne, la structure qui gère les fonds de l'Eglise. Là où le scandale commence, c'est que ces comptes n'ont jamais été déclarés au fisc malien et que les noms des propriétaires des comptes correspondent aux plus importants prélats du pays. Notamment l’évêque Jean-Gabriel Diarra, président de la conférence épiscopale à l'époque. C'est le seul à admettre à demi-mots de possibles dérapages : "Nous ne sommes pas parfaits, si il y a des imperfections que l'on a découvert chez nous, on va chercher à les assumer, mais nous ne sommes pas des truands."

Un cardinal tout juste nommé est impliqué

Pour l’instant l'Eglise fait bloc. Elle nie toute idée de fraude massive ou de détournement. Les personnes mis en cause sont de hauts responsables, dont monseigneur Jean Zerbo, archevêque de Bamako qui vient d'être ordonnée cardinal par le pape. Selon les documents SwissLeaks, il aurait abrité 4,5 millions d'euros sur un compte à son nom en Suisse. Le ministre des Affaires religieuses et du culte, lui, écarte complètement la possibilité d'un détournement. Thierno Amadou Omar Hass Diallo : "Je suis croyant et je pense que c'est sale. Cette question ne doit pas se poser. J'apporte mon soutien à Mgr Zerbo."

La communauté catholique crie elle aussi au complot. Les fidèles n'y croient pas et estiment que c'est une manière de nuire à la réputation du futur cardinal. Nous sommes allés à la messe quelques jours après les révélations, les avis sont unanimes : "L'Eglise ne peut pas avoir détourné de l'argent des fidèles." Mais les questions subsistent. L'Eglise continue de faire le dos rond. D'où provient cet argent ? S'agit-il de l'argent des fidèles et surtout, où est-il maintenant ? L'Eglise reste silencieuse et aucune enquête officielle n'a été ouverte pour l'instant.

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