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En direct du monde. Au Japon, les femmes sont de plus en plus nombreuses en politique

Pour la première fois au Japon, la principale force de l'opposition, le Parti démocratique sera dirigé par une femme. Renho, un ancien mannequin de 48 ans, bouleverse d'autres conservatismes. Elle est bi-culturelle dans une société japonaise qui se veut homogène.

Article rédigé par franceinfo, Alexis Morel, Frédéric Charles
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Renho à la tête du Parti démocratique au Japon. (KAZUHIRO NOGI / AFP)

Renho est la première femme à diriger l’un des deux plus grands partis du Japon. Un peu plus tôt, Yuriko Koike est devenue la première femme gouverneur de Tokyo. Une troisième femme, Tomomi Inada, vient d’être nommée ministre de la Défense. Elles sont toutes relativement jeunes. Qui plus est,  le double héritage culturel de Renho a joué en sa faveur. Elle est née d’une mère japonaise et d’un père taiwanais. Son élection à la tête de l’opposition symbolise aussi- autre première,- la diversité d’une societé japonaise qui a longtemps pratiqué le mythe de son homogénéité et de sa pureté raciale.

La Constitution de 1947 a donné aux Japonaises le droit de vote et l’éligibilité avant certains pays européens comme la Suisse. Mais elles sont encore peu présentes au Parlement. En 2014, le Japon était en 124 position sur 142 pays en termes de présence des femmes dans les assemblées. A la Chambre basse, seules 8% des députés sont des femmes. Mais les Japonaises sont pourtant plus politisées que les hommes.

 Comment  s’engagent-elles dans la politique et la société civile japonaise ?

Elles sont au coeur de mouvements civiques, réseaux sociaux, associations organisés par des femmes, surtout après l’accident nucléaire de  Fukushima lorsque des mères se sont inquiétées de la santé de leurs enfants. Selon l’avocate Keiko Ota, elles ont une plus grande conscience politique que les hommes, leurs maris salariés qui ne parlent jamais de politique dans leurs entreprises. Revêtues de rouge, en référence au mouvement féministe des Red socks en Islande dans les années 70, certaines Japonaises ont entouré le Parlement pour protester contre le vote de loi qui étend le rôle de l’armée japonaise à l’étranger aux côtés des Etats-Unis. Elles se mobilisent aussi contre la révision de la Constitution pacifique.

Les Japonaises sont-elles très actives sur le marché du travail ?

Peu de progrès ont été accomplis. Le Japon est, avec la Corée du Sud, le pays ou la part des femmes dans les fonctions de cadres reste le plus faible (12%) . Seules 2% de femmes siègent dans les conseils d’administration contre 17% dans l’Union européenne. Les trois quarts des employés en contrat à durée déterminée sont des femmes bien qu’elles aient les mêmes diplômes universitaires que les hommes. Quand elles ont un contrat à durée indéterminée, leurs salaires sont inférieures de 25% à celui des hommes. Les faibles chances des femmes de trouver un emploi correspondant à leurs qualifications les découragent de faire des enfants. Ce qui a un effet négatif sur le potentiel de croissance du pays et le taux de fécondité, l’un des plus bas au monde.

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