En Côte d’Ivoire, une campagne de communication contre le travail des enfants dans les champs de cacao
Premier producteur mondial de cacao, le pays a lancé une opération policière début mai pour repérer les enfants exploités dans les plantations.
Pendant deux jours début mai, la police ivoirienne a sillonné les routes de la grande zone cacaoyère au sud-ouest du pays, à la recherche d’enfants en train de récolter dans les plantations ou de sécher des fèves dans les villages. Au terme de cette opération, 68 mineurs ont été recueillis puis amenés dans un centre d’accueil géré par le CNS, le Comité national de surveillance du travail des enfants, un organe présidé par Dominique Ouattara la première dame ivoirienne. Là, des éducateurs les ont écoutés et ont organisé un dialogue avec leurs parents.
En deux ans, 2 000 enfants ont été retirés des plantations. Parmi eux 200 sont restés au centre. Ils sont rescolarisés et apprennent un métier : la couture, la coiffure, l’élevage etc.
Le travail des enfants, un phénomène encore très répandu en Côte d’Ivoire
Dans les plantations, ils seraient encore 800 000 à travailler contre 1,2 million il y a quelques années. Mais ce chiffre pourrait être revu à la hausse, conséquence de la fermeture des écoles depuis un an en raison du Covid-19. Certains élèves n’y sont plus retournés.
La plupart du temps les parents de ces enfants sont planteurs et n’ont pas les moyens de les scolariser. Sur les cinq à six millions d’Ivoiriens qui vivent du cacao, plus de la moitié vivent sous le seuil de pauvreté.
Cette opération communication du gouvernement est surtout importante pour l’image du pays, premier producteur mondial de cacao, à l’étranger. Les consommateurs occidentaux sont de plus en plus exigeants : plus question de manger du chocolat issu du travail des enfants.
Mais, selon l’ONG ivoirienne Riddef qui lutte contre le travail des enfants, il faut passer par la répression et augmenter la fréquence des opérations pour éradiquer le phénomène. Elle préconise également une surveillance accrue sur le terrain en s’associant avec les ONG locales. Cette coopération existe déjà mais est d’autant plus nécessaire que les plantations se trouvent dans des zones très reculées et peu accessibles.
Enfin l’ONG rappelle que le travail des enfants touche aussi le commerce, le transport, le travail domestique, et qu’il faut donc étendre cette lutte à d’autres secteurs. Entre 2012 et 2020, près de 300 personnes ont été condamnées pour trafic d’enfants en Côte d'Ivoire.
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