En Autriche, des mamies descendent dans la rue pour s'opposer au gouvernement
Le collectif des "Omas gegen Rechts" tente d'attirer les jeunes en se montrant très actif sur les réseaux sociaux.
Comme tous les jeudis depuis deux mois, Vienne, la capitale autrichienne, sera, dans la soirée du jeudi 29 novembre, le théâtre d'une manifestation contre le gouvernement, alliance de la droite et de l'extrême droite. Dans le cortège, il y aura un groupe pas comme les autres : ce sont des grand-mères qui s’opposent au gouvernement autrichien.
Toutes catégories sociales confondues
Elles s’appellent les "Omas gegen Rechts", comprenez les "mamies contre la droitisation". Elles sont au moins 200 à Vienne et une soixantaine dans les autres régions. Âgées de 60 à plus de 70 ans, toutes sont retraitées de professions très diverses : journaliste, directrice d’école ou bien secrétaire. C'est fin 2017 qu’elles ont décidé de créer ce collectif, juste après les élections législatives qui ont porté au pouvoir les conservateurs et l’extrême droite.
Le but premier de ces femmes est de défendre les acquis de la démocratie autrichienne, qu’elles estiment menacés par ce gouvernement. Chaque jeudi depuis le 4 octobre, elles descendent donc dans la rue pour dénoncer le racisme, la haine religieuse ou encore les coupes sociales et tentent ainsi de galvaniser l’opposition civile et les manifestations contre le gouvernement qui n’attirent plus.
C’est un signal important, car certaines de ces femmes ont vécu la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Theresa Scheibl
une des "Omas gegen Rechts"à franceinfo
Le nombre de manifestants est bien plus faible aujourd’hui qu’en 2000, lors de la dernière alliance de la droite et de l’extrême droite. À l’époque, des centaines de milliers d’Autrichiens manifestaient dans les rues. Aujourd’hui, ils sont quelques milliers seulement. Ils étaient 3 000 jeudi dernier d’après la police, 7 000 selon les organisateurs. Ce collectif de grand-mères a été créé pour lutter contre l’indifférence et la banalisation de l’extrême droite. "Je suis là tous les jeudis et ce qui m’impressionne, c’est que ce sont des femmes âgées, comme moi, qui manifestent", explique Theresa Scheibl, l’une des "Omas gegen Rechts".
La septuagénaire "sait que ça ne suffit pas de dire : 'Plus jamais ça !' Aujourd’hui, nous devons nous révolter, nous faire entendre. Les gens se disent peut être 'ça ne me concerne pas', mais à court ou long terme ça nous concerne tous". Voilà pourquoi ces grands-mères s’adressent surtout aux jeunes, les invitant à venir grossir les rangs des manifestants.
Pour y parvenir, ce collectif est très actif sur les réseaux sociaux. Le groupe "Omas gegen Rechts" est suivi par plus de 7 500 personnes sur Facebook et 6 500 sur Twitter. Depuis leurs comptes, elles partagent quotidiennement des articles d’actualité, des photos ou des vidéos. Et cela fonctionne puisque leur collectif a fait des émules au-delà de l’Autriche : un groupe similaire a été créé en Allemagne. D'autres grands-mères de pays européens les auraient contactées pour importer ce mouvement dans leur pays.
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