En Autriche, commémoration des 80 ans de l'annexion par les nazis, un passé difficile à assumer
L'Autriche commémore lundi les 80 ans de l’Anschluss, l’annexion du pays par l’Allemagne nazie, le 12 mars 1938. Une date noire que l’Autriche a mis du temps à assumer.
Les Autrichiens commémorent lundi 12 mars les 80 ans de l’annexion sans résistance de leur pays par l’Allemagne nazie (l’Anschluss). Ce 12 mars 1938, Hitler envahit le pays sans tirer un seul coup de feu et les Autrichiens l’accueillent avec enthousiasme. Il faut comprendre qu’à l’époque, une majorité d’entre eux sont favorables à cette annexion car à leurs yeux, il est naturel de rattacher l’Autriche à l’Allemagne. L’antisémitisme est déjà fort dans le pays mais c’est une fois que l’Anschluss est proclamé qu’il explose. De 1938 à 1945, les juifs sont persécutés par les nazis mais aussi par les Autrichiens “ordinaires”.
La souffrance des juifs longtemps ignorée
Pourtant, au sortir de la guerre, une théorie s’impose dans le pays et dans le monde entier et fait de l’Autriche une victime d’Hitler. Une période difficile pour Lucia Heilman : cette rescapée juive est âgée de 88 ans aujourd’hui. "Personne ne s’est intéressé à notre souffrance", regrette Lucia Heilman.
Les Autrichiens ne voulaient pas assumer cette culpabilité. À les entendre, ils étaient tous innocents. Personne n’avait rien fait. Personne ne s’en était pris aux juifs
Lucia Heilma, ancienne rescapée juivefranceinfo
Ce n’est qu’en 1991 qu’un chancelier reconnaît officiellement la participation des Autrichiens aux crimes nazis et s’excuse auprès des survivants.À partir de ce moment, l’Autriche rattrape très largement son retard concernant le devoir de mémoire. Plus de 30 000 victimes sont indemnisées, 12 000 œuvres d’art, qui avaient été spoliées aux juifs, sont rendues. Le travail continue encore aujourd’hui.
La position ambigüe du FPÖ
Cette commémoration intervient dans un contexte particulier, puisque le FPÖ, parti d’extrême droite fondé par d’anciens nazis, dans les années 1950, est de retour au gouvernement depuis décembre 2017. Certains accusent le parti d’avoir une position ambiguë vis-à-vis de cette histoire. C’est le cas de la communauté juive, qui boycotte les commémorations auxquelles participe le FPÖ.
Le chef du parti a pourtant publiquement condamné l’antisémitisme mais ces dernières semaines, plusieurs scandales ont affaibli cette prise de position. Des livrets de chants nazis ont ainsi été retrouvés dans des fraternités, dont sont membres plusieurs personnalités du FPÖ. Pour répondre aux critiques, le parti a créé une commission d’historiens pour faire la lumière sur son passé. Ce travail sera-t-il efficace ? Réponse à l’automne prochain, lorsque la commission rendra ses premières conclusions.
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