En Australie, des mesures pour sauver la Grande Barrière de corail jugées insuffisantes par les spécialistes de l'environnement
L'Unesco a entamé cette semaine une mission d’observation de dix jours pour évaluer l’état de la Grande barrière de corail. Le plus grand récif corallien du monde est confronté, une fois encore, à un épisode de blanchissement massif pouvant abimer et même tuer le corail.
Au vu des premières constatations réalisées ces derniers jours, c’est l’ensemble du récif, qui s’étend quand même sur plus de 2 300 km, qui est touché par un phénomène. C’est la sixième fois que cela arrive en l’espace de 25 ans, et la fréquence de ces épisodes de blanchissement ne cesse de s’accélérer. Cela pose un énorme problème, souligne le professeur Terry Hughes, qui dirige le centre d’études des récifs coralliens à Cairns : "Il est très inquiétant que ce nouvel épisode intervienne deux ans seulement après le précédent. C’est un intervalle beaucoup trop court pour permettre au corail de se régénérer."
Pour répondre à ces difficultés, le gouvernement australien a annoncé en février qu’il allait allouer 670 millions d’euros supplémentaires à la protection de la Grande barrière de corail. Mais pour Terry Hughes, cette mesure n'est qu'un cataplasme sur une jambe de bois : "Pas un centime n’est dédié à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cet argent ne sert qu’à traiter les symptômes mais pas les causes. Il y a de l’argent pour réduire la pollution des eaux. C’est une bonne idée mais ca ne sauvera pas la Grande barrière de corail de la hausse des températures."
C'est dans ce contexte peu réjouissant que l’Unesco entame sa mission dite "de suivi réactif".
Agir maintenant pour sauver la Grande barrière
Ariane Wilkinson, qui dirige le programme Grande barrière de corail de l’association WWF Australie, pense que tout n’est pas perdu, à condition d’agir tout de suite. "Il est encore possible de limiter le réchauffement global sous la barre des 1,5 degré et ainsi donner une chance à la Grande barrière de survivre, affirme-t-elle.
"Nous pourrions décarboner notre économie très rapidement, dès cette décennie, et devenir une superpuissance exportatrice d’énergies renouvelables."
Ariane Wilkinson, WWF Australieà franceinfo
L’Australie dispose en effet de ressources considérables en métaux rares, essentiels pour assurer la transition énergétique. Et bénéficie par ailleurs du plus fort taux d’ensoleillement de la planète. Mais le gouvernement, pour l’instant, continue de défendre mordicus l’industrie des énergies fossiles. Interrogé récemment sur les centrales à charbon du pays, Le Premier ministre Scott Morrison a ainsi confié qu’il souhaitait les voir fonctionner le plus longtemps possible.
La position de l’Australie sur ces sujets pourrait bientôt changer, puisque des élections sont prévues à la mi-mai, qui s’annoncent mal pour le Premier ministre sortant.
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