Cet article date de plus de cinq ans.

En Albanie, le séisme du 26 novembre met au jour des années de défaillance en matière de planification urbaine

L'heure est à la reconstruction en Albanie après le séisme du 26 novembre, mais aussi au droit d'inventaire notamment sur la corruption dans le secteur de la construction.

Article rédigé par franceinfo - Louis Seiller
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un bâtiment effondré à cause du séisme dans la ville de Durrës, dans l'ouest de l'Albanie, le 27 novembre 2019. (ARMEND NIMANI / AFP)

Plus de 50 victimes, 2 000 blessés et des milliers de sans-abri, le bilan du séisme qui a frappé l’Albanie le 26 novembre 2019 est lourd. Plusieurs immeubles se sont effondrés dans le pays.

Depuis une trentaine d'années, c'est un peu le chaos dans le domaine des constructions dans ce pays des Balkans. Pendant les 45 ans de la dictature communiste, les Albanais ne pouvaient pas déménager ou même se déplacer sans autorisation. Mais, après l'effondrement du régime en 1991, des villes comme la capitale Tirana, ou Durrës, la deuxième ville du pays, ont connu un développement urbain assez important.

Un développement sans véritable contrôle de la part des autorités. En conséquence, beaucoup d’Albanais ont en fait construit eux-mêmes leurs maisons sur des terrains où ils avaient tout simplement décidé d'emménager. Des quartiers entiers ont vu le jour, parfois sur des terrains impropres à la construction. C’est le cas notamment dans les anciens marais de Tirana ou encore le long de la plage de Durrës.

Une corruption endémique

Ce développement urbain a eu lieu avec un certain laxisme, voire la complicité des autorités. La corruption en Albanie est un vrai problème du quotidien. Elle n'épargne pas le secteur de la construction. Il y a très souvent des polémiques autour des permis de construire délivrés par les municipalités. Par exemple, sur le front de mer de Durrës, des centaines de logements ont été construits en toute illégalité.

En Albanie, il n'est pas rare par exemple qu'un investisseur rajoute plusieurs étages à un immeuble déjà fini et qui a obtenu un permis de construire pour seulement 4 ou 5 étages. Kristo habite dans l’une ces constructions illégales. Ce retraité de Durrës vit dans un immeuble de dix étages fortement endommagé par le séisme : "Normalement, plus de quatre étages, c'est interdit ! On dit qu'il ne faut pas de construction à moins de cent mètres mais ici, ces immeubles sont au bord de l'eau ! Dix étages au bord de l'eau ! »

Des enquêtes judiciaires en cours

Et pourtant, les Balkans et l'Albanie sont une région où l'activité sismique est très intense. Deux mois avant la catastrophe, le 21 septembre 2019, un séisme de magnitude 5,6 avait déjà fait une centaine de blessés et d'importants dégâts matériels. L'heure est à la reconstruction dans le pays. Les autorités veulent construire des milliers de nouveaux logements pour les sans-abri. Des enquêtes judiciaires sont également en cours pour déterminer les responsabilités des entreprises du secteur de la construction. Du côté des spécialistes, on espère que cette catastrophe servira de prise de conscience pour moderniser la réglementation en matière de construction et commencer à prendre sérieusement en compte le risque sismique.

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.