Difficile retour des Rohingyas en Birmanie : "Je ne rentrerai jamais tant que je n'ai pas de garanties concernant ma sécurité"
La Birmanie et le Bangladesh ont trouvé un un accord pour permettre le retour des Rohingyas, minorité musulmane persécutée en Birmanie, d'ici 2020. Pas moins de 650 000 d'entre eux ont fui la Birmanie depuis le mois d'août. Leur retour semble difficile à mettre en place.
Premier souci, une grande partie des Rohingyas ne veut tout simplement pas rentrer en Birmanie, où ils sont victimes de persécutions et de discriminations. En effet, ces Rohingyas ont tout abandonné du jour au lendemain en fuyant leur région de l'Arakan, au nord-ouest de la Birmanie. Ils ont marché des jours, affamés, pour arriver dans ces camps surpeuplés du sud du Bangladesh. Là, ils vivent dans des conditions sanitaires déplorables. Les maladies se répandent rapidement et les enfants souffrent de malnutrition. Et malgré cela et en dépit de l'accord trouvé entre la Birmanie et le Bangladesh pour permettre leur retour d'ici 2020, ces Rohingyas ne sont pas prêts à rentrer, car ils craignent que l'armée birmane ne les attaque à nouveau.
"Je ne rentrerai jamais tant que je n'ai pas de garanties concernant ma sécurité et le respect de ma citoyenneté dans l'Arakan", explique Mayu Ali, jeune réfugié, arrivé début septembre au Bangladesh.
Sans ces garanties, retourner là bas, c'est aller vers une mort certaine. Nous avons vécu dans la peur depuis notre naissance
Mayu Ali, jeune réfugié rohingyafranceinfo
L'histoire s'est en effet déjà produite dans le passé. "Dans les années 1990, beaucoup de Rohingyas sont rentrés sans ces assurances, et vous voyez ce qui est arrivé. Donc les mêmes violences peuvent resurgir si nous rentrons maintenant", redoute Mayu Ali.
Une discrimination étatique
La situation en Birmanie ne semble en effet pas s'être améliorée. Cela mettra sûrement du temps à changer. En effet, cette discrimination étatique de la Birmanie contre cette minorité musulmane date des années 1980. Les Rohingyas ont alors perdu leur droit à la nationalité birmane et depuis, on leur a retiré le droit de voyager dans le pays et d'aller à l'université. Malgré tout, les autorités des deux pays ont décidé d'entamer bientôt le rapatriement. En effet, tous les Rohingyas qui ont fui depuis 2016 sont inclus dans cet accord, soit entre 700 et 800 000 personnes. Les deux parties ont assuré qu'elles opéreraient sur la base du volontariat. Mais le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés qui peut s'assurer du respect de leurs droits, a été écarté de ce processus.
De quoi se poser des questions sur la manière dont le consentement de ces populations sera recueilli. Que leur dira-t-on vraiment sur la situation actuelle en Birmanie ? Auront-ils vraiment le choix et ce choix sera-t-il informé ? La question est centrale : les pressions sont terribles, surtout de la part du Bangladesh, qui veut à tout prix voir partir ces centaines de milliers de réfugiés qui ont envahi cette région déjà très pauvre de ce pays.
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