Aux États-Unis, le Texas ouvre les bras aux réfugiés afghans, entre charité et reconnaissance
Depuis le mois d’août 76 000 afghans ont été rapatriés aux États-Unis. Il y a 8 000 d’entre eux qui se trouvent encore dans des camps militaires mais leur répartition dans 46 États est en cours. La Californie et le Texas sont ceux qui se montrent les plus accueillants.
Depuis la prise de Kaboul par les Talibans, le 16 août 2021, les autorités américaines ont rapatrié 76 000 Afghans. Ils ont passé quelques mois dans des camps militaires répartis dans tous les États-Unis, le temps de vérifier leurs antécédents et leurs droits à s'installer dans le pays, puis mi-novembre, la répartition dans 46 États a débuté. La Californie en a reçu le plus grand nombre, suivie du Texas : ils sont déjà près de 4300 dans le Lone Star State et 2 000 personnes doivent encore arriver.
Face à cet afflux soudain de réfugiés, les organisations peinent à faire face. Les quatre associations qui se sont occupées et s'occupent encore de réfugiés afghans au Texas n'avaient pas connu une telle vague d'arrivée sur une période aussi courte depuis bien longtemps. Pour certains, cela ressemble à l’arrivée massive des boat people vietnamiens dans les années 1970 et 1980. "Il n’y aucune organisation qui peut y arriver seule, aucune chance", s'inquiète Ali Al Sudani, ancien réfugié d’Irak, qui est aujourd’hui le responsable des programmes à Interfaith Ministries à Houston.
"En 2021, nous n’avons reçu que 140 réfugiés sur toute l’année. Et subitement, nous en recevons 400 en un mois."
Ali Al Sudani, responsable des programmes à Interfaith Ministries à Houstonà franceinfo
Mohammad Nikzad a dû laisser sa mère et ses sœurs au pays et a peur pour elles : "J’espère que j’aurai un avenir favorable ici aux États-Unis. Vous savez, on a dû quitter l’endroit où on a grandi et on est vraiment tristes".
Abdul Salam a perdu ses deux jambes quand il travaillait pour l’armée américaine en Afghanistan. Il vient de faire vacciner ses enfants pour qu'ils puissent aller à l'école et se dit très heureux d'être ici. "On a eu tellement de chance, déclare Abdul Salam, mais plus d’un millier de réfugiés afghans vont encore venir. C’est un problème. Les organisations veulent le résoudre au plus vite, mais c’est difficile de trouver rapidement des appartements". Et sans adresse permanente, pas de travail, pas de permis de conduire, pas d’enfants scolarisés. Or trouver des logements pour 400 personnes chaque semaine est un vrai défi.
Les réfugiés bienvenus à Houston
De plus, certains, comme l’ancien président Donald Trump il y a deux semaines à Conroe, au nord de Houston, tentent de stigmatiser ces réfugiés. "L’administration est en train de submerger nos communautés avec encore plus de réfugiés venus d’Afghanistan. Ils ne sont pas contrôlés et on ne connaît pas leurs intentions. Ils habiteront dans une maison à côté de la vôtre, et vous ne saurez même pas mis au courant. Seule une infime minorité a vraiment aidé les États-Unis, a-t-il affirmé. 3% seulement ont vraiment le droit d’être ici." Mais cette crainte n’est pas partagée à Houston qui est très fière d'être une des villes les plus diverses du pays. Même chez les plus Républicains, il y a un mélange de charité et de dette car ces réfugiés afghans ont aidé les troupes américaines dans leur pays qu'ils ont dû quitter par crainte pour leur vie.
Ainsi des églises ultra-évangéliques donnent, des synagogues aident à les reloger et les organisations d'aide aux réfugiés reçoivent beaucoup de soutien."Houston est vraiment une ville très accueillante, confirme Dario Liopvac qui travaille au YMCA International Services. Tout le monde vient nous voir et nous demande comment ils peuvent aider. On a établi des relations de longue date avec des propriétaires d’appartements. Ils sont très efficaces et nous permettent de nous en sortir."
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