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Au Sénégal, un village se mobilise pour protéger ses terres agricoles contre la venue d'un cimentier

À Bandia, près de Dakar, des habitants protestent contre l'installation d'une nouvelle cimenterie. Ils expriment notamment des craintes pour leur santé et l'agriculture. 

Article rédigé par franceinfo - William de Lesseux, Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une carrière à Bandia au Sénégal.  (JOHN WESSELS / AFP)

Ils refusent de céder face aux cimentiers. Dans la région de Dakar au Sénégal, des habitants n’entendent pas se laisser face à ces industries qui ont besoin du sol, riche en calcaire, pour produire du ciment. Le ministère de l’Environnement a autorisé un grand cimentier à ouvrir de nouvelles carrières à ciel ouvert. Une décision qui suscite de nombreuses réactions. 

Les cimenteries peuvent déraciner les baobabs 

À Bandia, pas très loin de la capitale, les habitants ont manifesté début septembre pour protester contre l’accaparement de leur forêt par les cimentiers. Cette forêt classée, composée de baobabs séculaires est déjà bien amputée par les carrières. Le ministère a décidé de déclasser une partie à seulement cinq kilomètres des habitations. Concrètement, il s’agit d’autoriser les entreprises à déraciner. Cette décision a été la goutte d’eau pour les habitants de Bandia, cette fois-ci ils ont décidé de protéger leur forêt face à l’immense usine des cimenteries du Sahel. "Nous sommes une population qui vivons ici depuis plusieurs siècles, explique Mame Cheikh Ngom qui est à la tête de la mobilisation, nous ne pouvons pas accepter que l'État fasse exploiter ces ressources au détriment de notre cadre de vie."

L’implantation de ces exploitations, en vue de produire du ciment, peut tout de même stimuler l’économie locale note les défenseurs du projet. Sauf que le ciment, dont la surproduction au Sénégal est soulignée par des économistes, ne profite pas vraiment aux habitants. Bien au contraire : les installations empiètent aussi sur des terres potentiellement agricoles. Autour de Bandia, il est devenu très difficile de cultiver quoi que ce soit. Et quand une carrière est épuisée, nous avons pu le constater sur le terrain, les exploitants ne reboisent pas ou ne replantent pas. À la place, il y a des plaies béantes qui restent ouvertes, disent les villageois de Bandia. Elles deviennent totalement incultivables et dangereuses car elles sont très profondes, fragilisant ainsi tous les sols aux alentours.

Un risque pour la santé 

L’extraction de calcaire a aussi des conséquences sur la santé des habitants. L’air est difficilement respirable. Assane Dione a 5 ans, il souffre de troubles cardiaques et accuse les cimentiers. "Le médecin m'a demandé où je travaillais. J'ai répondu que je n'avais pas de travail. Il m'a dit que mon corps montre que je suis fatigué", explique-t-il. 

Les habitants, eux disent vouloir rester mobilisés, ils annoncent le lancement d’une pétition, pour faire entendre leur combat dans leur pays et au-delà des frontières, notamment auprès des bailleurs de fonds. Ils pourraient voir d’un mauvais oeil l’entêtement des autorités sur un sujet aussi sensible.

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