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Pérou : bienvenue au "paradis" de la pomme de terre, étroitement surveillé par des gardiens

Dans la région de Cuzco, dans les Andes, se situe un étrange endroit surnommé "Parc de la pomme de terre", un véritable laboratoire où s'épanouissent quelque 1 400 variétés du tubercule, sous la surveillance de "gardiens". Visite guidée.

Article rédigé par franceinfo - Amanda Chaparro , édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des paysans du "Parc de la pomme de terre" à Cuzco au Pérou. (JAIME RAZURI / AFP)

Ici, la patate est reine. Le "parc de la pomme de terre" a été créé il y a 25 ans au Pérou pour protéger et promouvoir la diversité de la culture du féculent. Il faut rappeler que le Pérou est le berceau du tubercule. C’est dans les Andes qu’elle est née il y a plus de 8 000 ans, avant d’être introduite en Europe après la colonisation, au XVIe siècle.  

Dans ce très sérieux "Parque de la Papa"situé à Cuzco au sud-est du Pérou, en plein milieu de la cordillère des Andes, 7 000 agriculteurs produisent la pomme de terre. Ce laboratoire grandeur nature permet d'observer, expérimenter, conserver les pommes de terre. Il existe au Pérou pas moins de 4 000 variétés et rien que dans ce parc, environ 1 400.

Jusqu'à deux siècles de conservation

Les techniciens paysans qui y travaillent sont dénommés ici les "gardiens de la pomme de terre", car ils sont chargés de préserver les semences et veiller à leur bonne reproduction. Nazario Quispe Amau, l’un de ces paysans qui a reçu une formation en agronomie, tient à présenter un bâtiment très important dans le parc : "Nous sommes ici dans la Banque des semences, c’est ici que nous gardons les semences depuis la récolte et la sélection. Nous les conservons pour notre sécurité alimentaire."    

"Nous avons obtenu 750 variétés de semences botaniques en 2015, et elles sont depuis conservées en trois copies : une dans le parc, une à Lima au Centre international de la pomme de terre, et une dans la Banque mondiale des semences, en Norvège."

Nazario Quispe Amau, un technicien-paysan du parc

à franceinfo

"Elles peuvent se conserver 150-200 ans, non seulement pour le Pérou mais pour le monde entier, pour les générations futures", poursuit fièrement Nazario Quispe Amau.

Si la pomme de terre est si importante dans cette région, c’est qu’elle constitue la base de l’alimentation. On en mange à tous les repas, du petit déjeuner au souper. Riche en nutriments, et surtout, résistante : elle pousse dans des conditions parfois extrêmes, jusqu’à plus de 4 500 mètres d’altitude, ce qui en fait un atout pour les populations locales.  

>> Des pommes de terre sur Mars ? La NASA lance l'expérience au Pérou

Légume de l'extrême, clé de l'alimentation de demain

Toutefois, les habitants du parc sont confrontés aux effets du changement climatique. Ils sont contraints d’adapter la culture de la pomme de terre aux nouvelles conditions car le féculent a besoin de températures fraîches. Depuis quelques années, les paysans observent qu’elle se cultive à des altitudes de plus en plus élevées, 300 mètres de plus en 25 ans, à cause de la hausse des températures qui pourrait à terme menacer leur sécurité alimentaire.  

Alors, ces cultivateurs tentent de sélectionner et de préserver les variétés qui sont les plus résistantes pour s’assurer une bonne production. C’est ce qu’ils font en partenariat avec les scientifiques du Centre de la pomme de terre, à Lima, la capitale, et avec des associations locales. Ils détectent les gènes qui répondent le mieux à des conditions climatiques données, ceux résistants aux maladies ou encore aux sécheresses, par exemple. Le parc est conçu comme un véritable grenier alimentaire et génétique, une clé pour l’alimentation de demain. 

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