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Au Kenya, un "plastic deal" prévoit le recyclage des déchets plastiques américains contre un accord commercial

Les Américains envisagent de se débarrasser de leurs déchets plastique... au Kenya : les discussions sur un accord commercial bilatéral prévoient l'exportation de leurs déchets vers ce pays d'Afrique.

Article rédigé par franceinfo - Charlotte Simonart, édité par Thomas Destelle
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un homme en train de trier des bouteilles en plastique sur la décharge de Kibarani à Mombasa, au Kenya, le 3 juin 2018 (photo d'illustration) (ANDREW KASUKU / AFP)

Le Kenya serait-il en passe de devenir le nouveau dépotoir des États-Unis ? Washington est en discussion avec Nairobi en vue d’un accord commercial. Il prévoirait l’exportation des déchets plastiques des Américains vers le Kenya. On parle d’un "plastic deal". Les États-Unis cherchent une nouvelle destination pour traiter leurs déchets plastiques depuis que la Chine n’en veut plus, et ce pays d'Afrique pourrait bientôt les accepter sur son territoire.

On parle de 500 millions de tonnes de déchets plastiques exportés chaque année dans le monde par les États-Unis. Officiellement, il s’agit d’aider le Kenya à développer une industrie du recyclage et d’en faire un "hub" pour exporter ce plastique une fois recyclé vers d’autres pays d’Afrique car la demande explose sur le continent. Ce serait pour le Kenya la promesse de milliers d’emplois créés et peut-être même un accès libre au marché américain pour les produits kenyans. Difficile de refuser pour le Kenya dont l'économie est au plus mal à la suite de la crise du coronavirus.  

Un accord déséquilibré pour les associations

Le Kenya n’est pourtant pas capable d’absorber ces millions de tonnes de déchets américains. La gestion des déchets dans le pays est catastrophique. Ils finissent dans des décharges à ciel ouvert aux abords des grandes villes. L’ONG Greenpeace a lancé une pétition pour empêcher cet accord avec les États-Unis. "Le Kenya n’a absolument aucune capacité de recyclage et encore moins de stockage pour des millions de tonnes de déchets, affirme Frederick Njehu, responsable de Greenpeace Afrique à Nairobi. De plus, seuls 7% de ces déchets peuvent être recyclés. Le reste terminera dans les décharges. C’est une menace énorme pour la vie marine, les rivières, les sols, sans parler des fumées toxiques qui s’en dégageront."

Cet accord est totalement déséquilibré. Nos standards environnementaux seront revus à la baisse au nom des investissements et d’un libre accès au marché américain.

Frederick Njehu, responsable de Greenpeace Afrique

Les négociations sont au stade préliminaire. Les deux parties sont en train de s’accorder sur un texte de base pour démarrer les négociations, sans doute d’ici décembre 2020. Tout a commencé lors de la visite du président kenyan, Uhuru Kenyatta, à la Maison Blanche en février dernier. Donald Trump et son équipe ont alors abordé le sujet à ce moment. De retour de ce voyage, le président kényan s’est déjà dit "impatient" de conclure cet accord. Il quittera le pouvoir en 2022 et veut probablement inscrire ce "deal" à son actif. Ce serait le premier accord commercial bilatéral signé par les États-Unis avec un pays d’Afrique subsaharienne. Une grande fierté pour le Kenya.

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