Au Japon, zone de turbulences dans le monde des champions de sumo
La saison des tournois de sumo a commencé au Japon, mais le sport national est secoué par une série de scandales. Le dernier en date concerne l'un de ses plus grands champions.
L'année a mal débuté dans le monde du sumo. Ce sport traditionnel japonais a été perturbé par le comportement d'un des yokozuna ("grands champions"), le titre le plus élevé et acquis à vie. Harumafuji, 33 ans et 135 kg, a dû mettre fin à sa carrière le 29 novembre 2017. Un mois plus tôt, lors d’une soirée arrosée dans un bar de luxe, ce sumo d'origine mongole aurait frappé un autre lutteur mongol, Takanoiwa, avec une bouteille de bière.
Le cas Harumafuji
La victime a été hospitalisée pour une fracture du crâne. Harumafuji n’aurait pas apprécié le manque de respect de ce sumo plus jeune que lui et qui a une réputation de tête brulée. En revanche, il nie s’être servi d’une bouteille de bière et le médecin qui a examiné la victime a admis avoir exagéré sa condition en rédigeant un certificat médical. Harumafuji a été inculpé et sanctionné d'une amende de 3 700 euros pour ces faits.
Harumafuji n'a pas eu le droit de participer au rituel du Nouvel An qui s'est déroulé mardi 9 janvier dans la cour du sanctuaire dédié à l’empereur Meiji à Tokyo. Ce spectacle ésotérique est une cérémonie très importante chez les sumos. Vêtus d’une ceinture blanche ornée de tabliers décoratifs, trois yokozuna ont participé à cette cérémonie appelée dohyo-iri ("cérémonie d’entrée dans l’arène de combat"). Selon la légende, le vainqueur de la lutte entre deux divinités engendra la famille impériale.
Les sumos étrangers dans le collimateur
Pour les médias japonais, cette violente dispute entre deux lutteurs mongols n’est pas surprenante. Ils prétendent que les lutteurs mongols ne comprennent pas les subtilités du sumo et critiquent leur manque de bonnes manières. Selon eux, l’arrivée de lutteurs étrangers -Hawaïens, Mongols, Européens- a modifié l’état d’esprit qui règne dans ce sport national japonais peu transparent.
La domination du sumo par les étrangers depuis une vingtaine d’années n’est pas appréciée des puristes ou des nationaux. Ceux qui critiquent les lutteurs mongols sont parfois accusés de racisme. Certains le sont peut-être, mais pas tous. Le secrétaire général du gouvernement appelle tous les lutteurs - étrangers ou nationaux - à comprendre l’importance de cette tradition liée au shinton, son caractère sacré. Selon cette tradition, les grands champions doivent avoir un comportement exemplaire.
Combats truqués, liens avec la pègre, violences...
Il n'est pas possible d'attribuer les scandales qui ébranlent le sumo à la seule présence de lutteurs étrangers car, avant même leur arrivée, il y avait déjà des accusations de combats truqués ou de paris entre lutteurs proches de la pègre, mais aussi des accusations de violence à l’égard d’apprentis lutteurs. L’un d'eux est mort des suites des mauvais traitements infligés par ses ainés.
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