Au Chili, la parade militaire pour célébrer l’indépendance du pays au coeur de l'attention
Après avoir critiqué le traditionnel défilé, le nouveau président Gabriel Boric a finalement assisté à une parade militaire à Santiago du Chili. Comme un symbole de la nouvelle posture du chef d'Etat.
Il s'agit du "Dieciocho", le 18 en français. Depuis plusieurs jours, le Chili est en fête pour célébrer l’indépendance du pays vis-à-vis de la couronne espagnole, il y a plus de 200 ans. Deux jours fériés ont été décrétés et des célébrations en tous genres ont lieu à travers tout le pays. Lundi 19, c'est la parade militaire qui a défilé dans un parc du centre de Santiago, la capitale. Et comme le veut la tradition, le président chilien y a assisté. Gabriel Boric, le jeune chef d’État de gauche, a donc regardé les militaires et les forces de l’ordre parader devant lui pendant 3 heures.
Un événement qu’il a pourtant critiqué par le passé. A plusieurs reprises en effet, l'homme politique s’est montré hostile à cette démonstration de force : en 2011, quand il était leader étudiant, il avait ainsi critiqué via Twitter que "Ce sera beau quand on n'aura plus l'impression que le défilé militaire n'appartient qu'à quelques-uns. Mais ce sera encore plus beau quand on n'aura plus de parade militaire." Ou encore l'année dernière, quand le défilé avait été dédié aux professionnels de santé mobilisés pendant la crise Covid, quand, alors député, Gabriel Boric avait déclaré que l’argent utilisé pour organiser l’événement aurait pu être dédié à l’amélioration du système de santé.
Mais aujourd’hui, le président chilien n’a plus tout à fait le même discours : sa posture a commencé à changer pendant la campagne présidentielle de 2021. Lors d’un débat, un journaliste lui avait demandé s’il assisterait au défilé militaire s’il était élu président. Réponse : il se plierait au protocole. Et ce lundi 19 septembre, c'est c’est toujours sans cravate, mais de manière très protocolaire et avec un sourire sérieux qu’il a assisté depuis la tribune présidentielle à la parade de trois heures où ont défilé tous les corps de l’armée et de la police.
Changement de philosophie
Au-delà de la parade militaire, la position du président chilien a également évolué vis-à-vis de l’intervention militaire dans le sud du pays, en territoire indigène, en Araucanie. Il s'agit d'un conflit qui dure depuis des décennies entre certaines communautés et des entreprises forestières qui exploitent des terres, considérées par les indigènes comme ancestrales. Dans cette région, les routes sont régulièrement coupées, des engins d’entreprises forestières sont brûlés et des affrontements armés peuvent avoir lieu.
Le prédécesseur de Gabriel Boric, un conservateur de droite, y avait instauré un état d’exception avec l’intervention des militaires. Quand le nouveau gouvernement s’est installé en début d’année, il y a mis fin car il souhaitait avant tout rétablir le dialogue, plutôt que de maintenir les militaires sur place.
Mais face aux violences qui se sont intensifiées après le départ des forces armées, Gabriel Boric a dû revenir sur sa décision, alors qu’il avait lui-même critiqué cette mesure sous le gouvernement précédent. Depuis cinq mois, les militaires occupent donc de nouveau le terrain en Araucanie. Un véritable virage dans la politique de Gabriel Boric.
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