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Afrique : des milliers de chercheurs d'or se ruent vers la Guinée au péril de leur vie

Ces travailleurs nomades, souvent équipés d'une simple pioche, s’installent dans un village du nord-ouest du pays où des mines d'or ont été récemment découvertes. Plusieurs d'entre eux sont morts dans un éboulement.
Article rédigé par franceinfo - François Hume
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Un chercheur d'or au Ghana. Photo d'illustration. (CRISTINA ALDEHUELA / AFP)

Dans la région de Gaoual, dans le Nord-Ouest de la Guinée, et son climat semi-aride, les découvertes de nouvelles zones aurifères ont provoqué une véritable ruée vers l’or bouleversant la géographie et la sociologie des lieux. Des milliers de jeunes travailleurs hommes ou femmes se sont installés dans des conditions précaires au bord de la route, sur les ronds-points, ou proche des points d’eau. Ils viennent de tout le pays mais aussi du Mali, de Sierra Leone, ou de Côte d’Ivoire. Et dans leurs sillages, des centaines de commerçants qui accompagnent la vie de ces orpailleurs : boulangers, restaurateurs, forgerons, bouchers, ou encore gérants de sanitaires (douches et toilettes).

Les mineurs gagnent en moyenne 4 euros par jour

Ces milliers de cabanes en bois et aux toits en bâches en plastique donnent à la zone de Kouncitel un air de far-west à la sauce ouest-africaine. En fonction des différentes découvertes des mines d'or, ils peuvent également repartir aussi vite qu'ils sont arrivés pour investir un nouveau village. Il s'agit en majorité de travailleurs pauvres et peu équipés. En fonction de leur âge, de leur expérience et de leur moyens, les orpailleurs sont plus ou moins équipés. La plupart ont seulement une pioche, d’autres sont munis d’un détecteur de métaux et d’un petit marteau piqueur à essence.

Les autorités locales participent aussi aux recherches avec des tractopelles et des camions-bennes. Chaque matin ce sont donc des milliers de travailleurs, le visage et les vêtements couvert de latérite - cette roche rouge riche en fer et en alumine - qui creusent des trous d’extraction, tamisent la terre, et utilisent des produits chimiques pour agglomérer les minuscules paillettes d’or qui se nichent entre la roche. Selon le doctorant en géographie Robin Petit-Roulet, les mineurs gagnent en moyenne 4 euros par jour. Ils sont conscients que le Grand Soir - la découverte d'une pépite de très grande valeur - est chose rare. Mais cette activité rapporte toutefois plus que d’autres secteurs de l’économie, et permet d’accumuler un petit capital qui peut être investi ailleurs.

Un éboulement fait 18 morts

C’est aussi un travail pénible et dangereux, très physique. Les mineurs travaillent toute la journée sous un soleil brûlant. Il y a également de sérieux risques d’éboulements dans les galeries et les puits d’extractions. Au mois de mars dernier, au moins 18 personnes ont perdu la vie dans l’éboulement d’une mine d’or artisanale à Kounsitel. De ce fait, l’exploitation artisanale de l’or dans la préfecture de Gaoual est en théorie suspendue depuis juin 2021 par les autorités locales, mais la mesure n’est pas respectée.

Pour éviter ces drames, cette ruée vers l’or est auto-gérée. Une sorte de police locale des mines non-officielle nommée par les autorités coutumières et les mairies veille à la gestion des conflits et à la sûreté des lieux. Cette organisation traditionnelle prélève une taxe aux orpailleurs. Le géographe Robin Petit-Roulet estime qu'elle est davantage respectée et acceptée que l’autorité militaire, venue également sur place pour sécuriser les lieux et taxer les orpailleurs. Tous ces prélèvements se font en dehors de tout cadre légal. "La distribution et l’utilisation de ces taxes manquent de transparence", constate le doctorant rattaché au laboratoire Prodig-Iram de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, qui a étudié le fonctionnement des mines d'or artisanales guinéennes. La Guinée produit annuellement 8 à 10 tonnes d'or et les réserves potentielles sont estimées à 700 tonnes.

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