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À Cuba, la fin de l’ère Castro importe peu à la population

Le premier secrétaire Raúl Castro va céder sa place lors du 8e congrès du Parti communiste cubain. Mais les habitants de l'île sont plus préoccupés par l’inflation, la dollarisation, les files d’attente et les pénuries.

Article rédigé par franceinfo - Domitille Piron
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dans une rue de La Havane, le 6 avril 2021. Photo d'illustration. (YAMIL LAGE / AFP)

Le 8e congrès du Parti communiste cubain (PCC) marquera la fin de l’ère Castro. Le premier secrétaire du parti Raúl Castro cédera ainsi sa place au président Miguel Díaz-Canel. Ce congrès va se tenir dans un contexte de crise économique toujours plus dure. Et dans ces circonstances, la population cubaine est donc bien peu intéressée par cette grand-messe du parti.

Les Cubains n’attendent plus rien de leur gouvernement et donc encore moins du PCC, parce qu’ils sont trop préoccupés par l’inflation, la dollarisation, les files d’attente et les pénuries. Dayana Goulet, une vieille dame qui attend depuis plusieurs heures pour entrer dans un magasin, résume très bien la situation actuelle : "Ici on vient acheter des œufs, après on fait une autre queue pour acheter des tubercules, et encore une autre pour acheter des légumineuses."

C’est comme ça qu’on vit ici de file d’attente en file d’attente ! Mais qu’est-ce qu’on peut y faire, on ne peut pas se laisser mourir de faim !

Dayana Goulet

à franceinfo

La Havane est donc devenue une grande file d’attente. Il faut faire la queue partout et pour tout, même pour du pain ou du savon. Le riz vient aussi à manquer à Cuba, et le poulet Made in USA est bien souvent la seule viande à mettre dans les assiettes. Même dans les magasins mieux achalandés où l’État vend en dollars, les files d’attente sont kilométriques.

Le quotidien est à la survie

Le Congrès du PCC, qui devrait entériner le caractère irréversible du socialisme cubain et voir partir à la retraite Raul Castro, importe peu. Le quotidien est à la survie disent les Cubains et on sent que cette crise, chaque jour un peu plus dure, désinhibe les opinions. Habituellement les Cubains sont plus réservés et n’osent pas trop critiquer, ce qui exaspère le jeune Julio : "Nous les Cubains on est habitués à se battre entre nous pour des miettes, ce système se maintient comme ça, parce qu’on est des moutons ! Tu as bien vu les gens quand on leur dit d’avancer dans la file d’attente, on dirait des moutons ! Et c’est pour ça que le pays est comme ça, parce qu’on accepte de subir et on se rit de nos problèmes !”

La crise à Cuba dure déjà depuis plus d’un an. L’embargo américain paralyse réellement l’économie cubaine, et les sanctions imposées par l’administration de Donald Trump ont eu un effet dévastateur. Il y a aussi les conséquences de la pandémie de Covid-19, sur les revenus du tourisme et des exportations. Ensuite, il y a ce que l’on appelle ici le "blocus interne", c’est-à-dire le fonctionnement même du modèle économique cubain, qui devrait être actualisé durant ce Congrès. Mais entre les décisions et la mise en place des réformes il y a souvent un décalage. Cette année seulement en 2021, ce sont les réformes du 6e Congrès du PCC en 2011 qui sont mises en place !

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