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À Chypre, les élections européennes clivent les Chypriotes dans une île déjà divisée

Dans ce tout petit État européen, des urnes de vote ne seront pas installées du côté turc. 

Article rédigé par franceinfo, Angélique Kourounis - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Sener Levent à gauche de l'image est un candidat chypriote turc aux élections européennes.  (BIROL BEBEK / AFP)

C'est l'un des plus petits État européen. L'île de Chypre, qui a rejoint l'UE en 2004, est toujours divisée en deux par un mur. Sa capitale, Nicosie, est la dernière en Europe à être coupée pour séparer les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs. Ces élections européennes marquent un tournant pour plusieurs raisons. D'abord parce qu’on risque de voir élus des députés du parti Elam, le parti frère des néo-nazis grecs Aube Dorée. L'autre tournant, c'est la forte présence des Chypriotes turcs dans la campagne.

Des urnes uniquement dans une partie du pays

Leur État autoproclamé au nord de l’île reste sous occupation militaire turque et n’est pas reconnu par l’Union européenne. Il n'y aura d'ailleurs des urnes que du côté grec. Ces Chypriotes turcs ne renient pas leur identité particulière turque mais ils mettent en avant leur nationalité chypriote commune avec les Chypriotes grecs.

Le professeur Niyazi Kizilyurek est chypriote turc. Il parle parfaitement le grec et se trouve sur la liste du parti Communiste chypriote, Akel, en position d’éligibilité. Il enseigne et vit côté grec tout en faisant campagne tous les jours côté turc. Il souhaite convaincre les Chypriotes turcs que ce vote est une chance pour le pays. "Mes électeurs sont d’abord et surtout Chypriotes, le côté grec et turc vient après. C’est la première fois de toute notre histoire qu’on vote ensemble et non pas chacun au sein de sa propre nationalité, poursuit-il. Dans le fond, c’est une action politique conjointe, qui favorise beaucoup le rapprochement et la réconciliation", conclut Niyazi Kizilyurek. 
 

Cette fois-ci, nous voudrions appeler les Chypriotes grecs et turcs à voter conjointement, pour montrer à la communauté chypriote grecque qu’elle peut voter pour un chypriote turc, qu’elle peut partager le pouvoir avec lui, qu'on est les enfants d’un même pays

Niyazi Kizilyurek

à franceinfo


D'autres Chypriotes turcs se présentent à ces élections européennes comme Sener Levent, âgé de 70 ans. Le directeur du journal Africa, qui avait obtenu 1% des voix aux dernières elections européennes de 2014, espère faire bien plus. Son approche est de dire "On est tous chypriotes, mais nous au nord on parle le turc". Il a toujours dénoncé la présence des militaires turcs comme une force d’occupation et il en paye le prix fort.

Ses bureaux ont été pris d’assaut par des nationalistes turcs il y a quelques mois. Sener Levent reçoit des menaces de mort mais il refuse d’aller vivre au sud car il pense que cela affaiblirait son combat pour la démocratie dans le nord de l’île. Malgré tout, il appelle les Chypriotes turcs à passer la ligne de démarcation dimanche pour aller voter au sud où 50 bureaux de votes sont installés spécialement à leur intention. 

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