Les défibrillateurs: l'atout coeur du Parlement européen

"Chaque année, en Europe, près de 400.000 personnes sont victimes d'un arrêt cardiaque soudain en milieu non hospitalier, avec un taux de survie de moins de 10%. Une intervention dans les 3 à 4 minutes est susceptible d'augmenter les chances de survie à plus de 50%", souligne le Parlement européen, dans une déclaration écrite, adoptée avant l'été. Elle demande à la Commission et au Conseil d'encourager, dans tous les Etats membres, l'adoption de programmes communs d'implantation de défibrillateurs automatiques dans les lieux publics et la formation des non-professionnels à leur utilisation, et l'adaptation de la législation de manière à faciliter la pratique de la réanimation cardio-pulmonaire et de la défibrillation par les personnes ne faisant pas partie du secteur médical, en leur offrant notamment une immunité contre toute poursuite judiciaire. Les eurodéputés souhaitent la création d'une "semaine européenne de sensibilisation à l'arrêt cardiaque", afin d'informer davantage le grand public, les médecins et les professionnels de la santé.

L'eurodéputée française Françoise Grossetête (UMP, Parti Populaire européen) souligne que tous les lieux qui accueillent du public devraient être équipés de défibrillateurs, au même titre que pour les extincteurs: les aéroports, les écoles, les centres commerciaux, mais aussi les pharmacies, les banques et bien sûr les clubs sportifs. Déjà financièrement accessible à environ 1500 euros l'unité, le prix des défibrillateurs baisserait grâce à une plus large diffusion.

En matière d'équipement, le Strasbourgeois Philippe Sussmann dénonce le retard pris par la France sur d'autres pays européens, notamment l'Allemagne. Lui-même a été donné pour mort, il y a quatre ans, alors qu'il jouait au tennis avec son fils, en vacances en Forêt-Noire. Heureusement l'hôtel dans lequel il séjournait était équipé d'un défibrillateur, qui a permis de le ramener à la vie, après son arrêt cardiaque. Au coma, ont suivi plusieurs opérations et périodes de rééducation. Aujourd'hui Philippe Sussmann profite de la vie, fait ce qu'il aime, notamment vendre du thé chinois. Porteur d'un défibrillateur implanté, il peut à nouveau pratiquer de nombreux sports. Et surtout apprécier ce qu'il qualifie de "rédemption", de "boucle bouclée": avoir été "ressuscité" en Allemagne, là où il ne se rendait jamais, parce qu'une grande partie de sa famille avait été exterminée par le 3ème Reich. 

Philippe Sussmann nous conseille la lecture de l'ouvrage "Pacemakers et défribillateurs pour les Nuls", du Professeur Michel Chauvin, à commander aux éditions First.