La nouvelle directive sur l'efficacité énergétique allie rigueur et vertu
L'enjeu est considérable. L'an dernier, les 27 pays de l'Union ont
importé 480 milliards d'euros de pétrole et de gaz principalement. "La faiblesse de l'économie européenne est donc étroitement liée
au fait que nous importons autant d'énergie", souligne le rapporteur du Parlement européen, Claude Turmes, eurodéputé luxembourgeois du groupe des Verts.
Cette nouvelle directive sur l'efficacité énergétique va permettre de
réduire graduellement notre dépendance, parce qu'elle oblige les Etats à
réaliser des économies conséquentes. On avait déjà un cadre
contraignant pour le changement climatique et les énergies renouvelables,
mais pas jusqu'à présent sur la maitrise de l'énergie.
Le Parlement européen s'est battu pour lui appliquer, comme pour les émissions de CO2, un objectif de réduction de 20% d'ici 2020. Mais les Etats membres ne voulaient pas en
entendre parler. Les négociations ont été très dures, chacun ayant
évidemment sa propre méthode de calcul. Les pays ont finalement accepté
de réduire leur consommation de 17%. Selon Claude Turmes, on est plus près des
15%. Mais il estime qu'avec la future législation pour réduire les
émissions de CO2 des voitures et des véhicules utilitaires, on devrait
pouvoir y arriver.
En tout cas c'est un bon début. Chaque pays doit
réduire sa consommation de 1,5% par an, et les compagnies
d'énergie devront investir chaque année 1,5% de leurs ventes annuelles d"énergie dans des services permettant de réduire la consommation de leurs clients. La logique voudrait que le montant des factures soit revu à la baisse, ce qui n'est pas acquis.
Les Etats devront mener une rénovation thermique de 3% des bâtiments publics, mais seulement ceux des administrations centrales: le Parlement européen voulait étendre l'obligation aux collectivités locales, mais les Etats s'y sont opposés. Même chose en matière de transparence des factures et de l'installation des "compteurs intelligents".
L'accord, obtenu de haute lutte, devrait permettre de faire passer les importations d'énergie de l'Union d'environ 1700 millions de tonnes équivalent pétrole à 1560 en 2020, donc de réduire la facture globale de plusieurs milliards d'euros. Mais surtout, explique Claude Turmes, elle stimulera l"économie européenne et permettra la création de millions d'emplois.
La nouvelle directive sera adoptée définitivement par les 27 par un vote formel le jeudi 4 octobre. Elle entrera en vigueur dès sa publication au Journal officiel, et devra ensuite être transposée rapidement dans chaque Etat membre. Ce qui ne sera pas évident, plusieurs dispositions ayant un caractère très technique. Par ailleurs se posera le problème du financement de la rénovation thermique. L'Europe réfléchit déjà aux fonds européens à mobiliser. Selon Claude Turmes, il pourrait s'agir des Fonds structurels, des futurs "project bonds" et de la Banque européenne d'investissement.
En tout cas il considère la directive comme un très bon résultat. Il facilitera également la tâche du gouvernement français, qui a placé l'efficacité énergétique parmi ses priorités. Selon Claude Turmes, les efforts de la France devront être multipliés par trois ou quatre d'ici 2020.
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