En direct de l'Europe. Rythmes scolaires : la France recule et s'isole
C'est la rentrée ce lundi 4 septembre pour plus de 12 millions d'élèves. Les communes peuvent revenir à la semaine de 4 jours et un tiers d'entre elles ont fait ce choix. Un retour en arrière, selon l'OCDE.
En Europe, c'est cinq jours partout
La France était déjà le dernier pays à pratiquer la semaine de 4 jours et demi. Le fait de permettre de revenir à 4 jours de classe est un retour en arrière incompréhensible pour nos partenaires et observateurs.
La règle est de 5 jours dans toute l'Europe et dans les 35 pays de l'OCDE; Israël et l'Italie pratiquent même les 6 jours, certains Länder allemands partiellement. Or la France, qui s'est toujours illustrée par de piètres résultats dûs notamment à des journées de travail trop chargées, semblait engagée sur la bonne voie. La dernière réforme avait été accueillie très favorablement: la 5ème matinée devait permettre un apprentissage dans de meilleures conditions, nous rappelle Corinne Heckmann, analyste à la direction de l'éducation et des compétences de l'OCDE*. Sauf qu'elle n'avait pas fait ses preuves, d'où la décision de laisser le choix.
Les inégalités risquent de se creuser
Les premières évaluations ne montrent pas effectivement de réels progrès au niveau des résultats, mais comme le souligne l'OCDE, la réforme était récente, il fallait lui laisser le temps de faire ses preuves : le fait de la rendre optionnelle ne le permettra plus, creusera le fossé entre les communes qui ont les moyens ou la volonté d'investir dans des activités, et les autres.
On va faire dépendre les rythmes scolaires de considérations pécuniaires plutôt que du bien-fondé pour les élèves. Et risque d'augmenter encore plus les inégalités sociales, déjà si criantes dans le système éducatif français.
Sur la question du redoublement, l'OCDE est également très critique. Là aussi, la France a longtemps été le pays avec le plus de redoublements, ils avaient fortement diminué sous le précédent gouvernement : nous restions encore parmi les cinq premiers, avec notamment la Belgique.
Satisfecit pour les dédoublements en CP
Dans les pays nordiques le redoublement n'existe pas. Or une étude PISA montre que les jeunes qui ont redoublé ont des résultats beaucoup moins bons que les autres, ils s'arrêtent de travailler plus tôt, bien avant l'été, s'y remettent plus tard après la rentrée, et surtout leurs difficultés spécifiques n'ont pas pu être prises en main par l'équipe éducative. D'où l'intérêt de lutter contre l'échec avec moins d'élèves : l'OCDE considère comme une excellente décision le fait de dédoubler les classes dès le CP, même si la mesure ne concerne pour l'instant que les "réseaux prioritaires renforcés", à savoir les quartiers très défavorisés.
*Corinne Heckmann élabore la note consacrée à la France du rapport Regards sur l'éducation: Les indicateurs de l'OCDE, Editions OECD, dont l'édition 2017 sera présentée le 12 septembre prochain.
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