Zooms dans l'infini
Le
télescope spatial Hubble est revenu à ses premières amours :
la photographie des " champs profonds ", ces images
réalisées avec de déraisonnables temps de pose, visant à explorer
l'Univers le plus lointain... Le premier " Hubble Deep Field ",
en 1995, avait révolutionné notre image de l'Univers, révélant le
cosmos tel qu'il existait voici plus de dix milliards d'années.
Puis, en 2004, le " Hubble Ultra Deep Field " était allé
plus loin encore, au prix d'un temps de pose de 270 heures.
Cette
année , l'équipe internationale, essentiellement américaine, de G.
Illingworth, R. Bouwens, M. Carollo et leurs collaborateurs a décidé
d'aller plus loin, en additionnant toutes les images prises par
Hubble en une décennie, dans le Hubble Ultra Deep Field (une
minuscule région du ciel, située dans la constellation du Fourneau)
et en y ajoutant 270 heures de temps de pose, mais cette fois-ci en
utilisant la sensibilité infrarouge du télescope spatial. Voici
donc le XDF, pour Extreme Deep Field : 540 heures de temps de pose
total, un record ! Dans cette image inédite, les astronomes ont
découvert UDFj-39546284, qui est aujourd'hui la galaxie la plus
lointaine connue dans l'Univers, à plus de 13,2 milliards
d'années-lumière (Voir l'article détaillé sur cette découverte
et les photographies de Hubble sur le site de Science & Vie ). Une
plongée record dans l'abîme de l'espace et du temps...
L'espace-temps ,
justement, c'est l'un des thèmes principaux du nouveau numéro
Hors-Série de Science & Vie, " Temps, matière et
espace ". L'équipe de Cécile Bonneau expose les dernières
avancées de la physique – atomes, neutrinos, bosons de Higgs,
forcément – mais aussi les fondamentaux nécessaires à notre
compréhension des arcanes de la physique et, partant de
l'architecture de l'Univers : unités utilisées par les
scientifiques, familles de particules et d'atomes, etc.
Mais
ce numéro Hors-Série de Science & Vie nous montre aussi les
limites de la physique contemporaine, incapable encore de réconcilier
les deux grandes théories qui tentent d'expliquer les quatre forces
fondamentales de l'Univers, la mécanique quantique et la relativité
générale. On comprend d'ailleurs que désormais physiciens et
cosmologistes font peu ou prou, le même travail. Les derniers
mystères du monde, en effet, se cachent à la croisée des chemins,
entre infiniment grand et infiniment petit. Matière noire et énergie
sombre, cordes ou boucles gravitationnelles, seront-elles un jour
dévoilées par un accélérateur de particules ou par un télescope
géant, bien malin qui pourrait le prédire.
En
attendant une future révolution de notre imago mundi , nous reste
" l'image testament " de Hubble, cet Extreme Deep Field
véritablement hypnotique, vertigineux. Cette plongée dans l'abîme
du temps s'arrête à l'orée du monde, juste au moment où sont
nées étoiles et galaxies, quelques centaines de millions d'années
après l'insaisissable big bang. Le big bang, point singulier de
l'espace et du temps, où, justement, se fondent infiniment grand et
infiniment petit.
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