A l'écoute des extraterrestres...
L'information
peut prêter à sourire , et pourtant elle est vraie : l'institut
américain SETI, qui vise à rechercher d'autres formes de vie dans
l'Univers, a "écouté" les planètes du système Kepler 62
avec le radiotélescope de Hat Creek, en Californie, dans l'espoir
que peut-être, si des formes de vie y existent, elles ont développé
une technologie identique à la nôtre pour tchater avec les autres
civilisations de la Galaxie... Oh, surprise, les antennes de Hat
Creek n'ont rien entendu... Il est vrai qu'aux États-Unis, plus qu'en
Europe où la rationalité fait encore barrage, la croyance en
d'innombrables civilisations peuplant l'Univers est communément
admise, au point que nombre d'Américains pensent que leur pays est
régulièrement visité par les extraterrestres. On baigne encore
là-bas dans l'Age d'Or de la SF, on surfe encore sur la vague de
soucoupes volantes des années 1960, l'hyper optimisme
techno-scientifique qui veut que demain, tout sera possible et, à
chaque nouvelle planète découverte, un communiqué de presse est
publié s'interrogeant le plus sérieusement du monde sur
l'habitabilité de ladite planète...
Alors,
forcément, quand le satellite Kepler a découvert les planètes du
système Kepler 62... Qu'on en juge, autour de cette étoile
ressemblant un peu au Soleil, située à 850 années-lumière,
tournent cinq planètes, dont deux situées dans cette fameuse " zone
habitable " comprendre dans une zone où l'eau peut
exister, comme sur Terre, à l'état liquide. D'après les
chercheurs, ces deux planètes seraient recouvertes d'un océan de
plusieurs dizaines de kilomètres de profondeur... Une planète, de
l'eau liquide, des extraterrestres, bien sûr ! Cela dit, ne
caricaturons pas : cette recherche naïve, vertigineusement
anthropocentrée – l'écoute de civilisations comparables à la
nôtre – fait plutôt sourire la communauté scientifique,
d'ailleurs, le SETI Institut fonctionne sur des fonds privés...
Reste
que les savants cherchent des traces de vie ailleurs.. . Et que
détecter des dauphins, des marsouins ou des pingouins sur les
" planètes-océans " de Kepler 62, ce n'est pas une
mince affaire... Constatons déjà que la planète Mars, située dix
milliards de fois plus près, est grattouillée par des robots depuis
des décennies sans que personne ne parvienne à décider si la
planète rouge a un jour accueilli une forme de vie... Alors à 850
années-lumière...
Aujourd'hui,
la technologie n'existe pas pour détecter des " traceurs
biologiques " sur d'autres planètes... Les exoplanètes
découvertes jusqu'ici ne sont que des points virtuels sur des
courbes sinusoïdales, des ombres passant devant leurs étoiles, ou
des taches floues... Détecter sur ces mondes lointains des gaz qui
signeraient la présence de formes de vie exigerait des télescopes
d'une puissance inconcevable aujourd'hui. D'ailleurs, une détection
de ces traceurs biologiques ne donnerait pas de résultat univoque,
comme pour Mars, l'incertitude pourrait perdurer des décennies, des
siècles.
Pour
en savoir plus sur la vie – personne ne sait encore la définir –
ses conditions d'émergence sur Terre – inconnues – et la
possibilité qu'elle existe ailleurs, il est bon de se plonger dans
De l'inerte au vivant, une enquête scientifique et philosophique ,
paru aux éditions La ville brûle . Autour du journaliste Sylvestre
Huet , des astronomes et des biologistes – Patrick Forterre, Louis
d'Hendecourt, Christophe Malaterre et Marie-Christine Maurel
échangent sur le mystère du vivant. Un ouvrage passionnant mais
très exigeant parce que technique, d'où il ressort surtout
l'extraordinaire complexité du phénomène vie, une complexité qui
contraste avec la simplicité des objets manipulés par les
astronomes – galaxies, nébuleuses, planètes. Biologistes et
astronomes ont pourtant fondé une discipline commune, l'exobiologie.
Cette science, qui vise à étudier les formes de vie dans l'Univers
a au moins un objet d'étude à sa disposition : la planète
Terre.
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