Pierre de Coubertin : inventeur des Jeux olympiques modernes et homme de tous les paradoxes

Célèbre pour avoir redonné vie au rituel antique des Jeux olympiques, il voulait faire du sport un instrument de paix. Un homme controversé, à la fois humaniste, colonialiste et misogyne.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
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Pierre de Coubertin en 1925. (FOX PHOTOS / HULTON ARCHIVE / GETTY IMAGES)

Pierre Fredy, baron de Coubertin, né le 1er janvier 1863 à Paris, a connu une enfance brisée par la guerre franco-prussienne, des soldats ayant emporté leur panoplie de croquet pour la bourrer d’explosifs. D'où l’origine sans doute de son obsession de faire du sport un instrument de paix. Le sport, sa grande passion avec la culture classique. Du haut de son mètre soixante-deux, Pierre de Coubertin pratique dès 1883, lors de ses premiers séjours outre-manche, tous les sports anglo-saxons (aviron, boxe, équitation et escrime), mais il se distingue surtout au tir au pistolet, dont il devient multiple champion de France.

Célèbre pour avoir redonné vie au rituel antique des Jeux olympiques, on oublie souvent son autre belle réussite : avoir réussi à imposer le sport à l’école. Un projet humaniste pour lequel il décidait de tourner le dos à sa famille "fanatiquement monarchiste", qui le voyait faire carrière dans l’Église, l’armée ou la magistrature.

Une "olympiade femelle serait inintéressante"

Pierre de Coubertin fut sans doute l'homme de tous les paradoxes : humaniste et pacifiste, mais aussi colonialiste, nationaliste et misogyne affirmé. Infatigable militant du sport pour tous, mais refusant jusqu’à la fin de sa vie la présence des femmes dans les compétitions de haut niveau, car selon lui, une "olympiade femelle serait inintéressante, inesthétique et incorrecte". D’où sa démission du CIO en 1925, son œuvre lui ayant échappé, comme ce monde nouveau qui porte déjà en lui le ferment des mouvements de décolonisation et d’émancipation des femmes.

Ce qui ne l’empêcha pas de s’impliquer jusqu’à la fin de sa vie dans le mouvement olympique, et de le financer, au point d’y engloutir sa fortune. Esseulé et ruiné, il s’effondra en 1937, son cœur ayant soudain cessé de battre, et qui fut inhumé comme il le souhaitait dans une stèle sur le site des ruines d’Olympie. Le cœur d’un homme disparu juste avant la guerre, sans avoir réussi à unir dans la paix, par le sport, tous les pays du monde. Mais qu’importe, puisque comme il le disait si justement en 1908 : "l’important dans la vie ce n’est point le triomphe, mais le combat. Ce n’est pas d’avoir vaincu, mais de s’être bien battu".

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