Julie-Victoire Daubié : qui est cette figure militante et intellectuelle, première bachelière de France, sur le nouveau timbre de La Poste ?
Née en 1824 il y a tout juste 200 ans, Julie-Victoire Daubié était destinée comme les autres femmes à rester à la maison. Mais convaincue du nécessaire accès pour les femmes à l'éducation comme moyen d'atteindre l'indépendance, elle décide à plus de 30 ans d’obtenir son bac. Là, les problèmes commencent, car rien n'était prévu pour que les femmes s'élèvent dans l’échelle sociale.
L’université, sans que ce ne soit écrit nulle part, n’était ouverte qu’aux garçons. Julie Victoire Daubié décide d'en forcer les portes. Elle toque d’abord à celles de la Sorbonne, où on la traite de folle avant de la renvoyer à ses broderies, puis à celles de Fontenoy-le-Château, dans les Vosges où elle est née.
Premier prix du Concours de l’Académie des sciences et licence de lettres
Finalement c’est à Lyon qu'elle obtient le droit de passer le bac. Au préalable, elle remporte le premier prix du Concours de l’Académie des sciences, grâce à un texte intitulé "La Femme pauvre au XIXe siècle". En août 1861, elle devient enfin bachelière, mais là encore rien n’est simple. Le ministre de l’Éducation, un certain Rouland, refuse de signer son diplôme au prétexte qu’il se ridiculiserait. C’est l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, qui lui intimera l’ordre de le faire.
Mais Julie-Victoire Daubié n'est pas seulement la première bachelière de France. Après le bac, elle devient aussi la première femme à décrocher une licence de lettres, sans avoir pu assister aux cours de la Sorbonne, toujours fermés aux femmes. Moraliste, journaliste, elle milite pour le droit de vote des femmes et veut "moraliser la vie politique". Elle appelait aussi à soumettre les "fortunes illicites" au "contrôle de l’opinion".
Elle laisse de nombreux écrits qui mériteraient d’être étudiés, mais il aura fallu un timbre pour qu'elle sorte de l’anonymat. Banale allégorie de l’invisibilisation des femmes dans l’histoire, l’art et la culture, elle s'en prit à un certain poète, monsieur de Lamartine, qui affirmait qu’une femme "ne peut être poète, parce qu’elle est poésie", "quand d’autres écrivains, dénonce-t-elle, en ne permettant aux femmes de ne prendre la parole que pour dire quelque chose, semble réserver aux hommes seuls le droit de parler pour ne rien dire".
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