Familles monoparentales : un "statut du parent isolé" envisagé dans une proposition de loi en préparation

Ce projet de loi transpartisan, que préparent plusieurs députés, vise à établir de nouveaux droits spécifiques pour les parents isolés et à "lutter contre la précarité des familles monoparentales."
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le nombre de familles monoparentales est aujourd'hui deux fois plus important qu’il y a 30 ans (photo d'illustration, le 20 mars 2023). (VANESSA MEYER / MAXPPP)

C'est une proposition de loi transpartisane. Des députés de plusieurs bords politiques (LFI, Renaissance, PS, Liot, MoDem, communistes, écologistes) ont décidé de s'unir pour faire adopter une loi qui vise à "lutter contre la précarité des familles monoparentales". Le projet, dont certaines mesures pourraient être examinées en mai, prévoit la création d'un "statut du parent isolé", avec de nouveaux droits spécifiques pour les parents isolés, comme le versement des allocations familiales dès le premier enfant. 

Il vise surtout les mères célibataires, puisque lorsqu’on parle de famille monoparentale aujourd’hui, c’est dans 83% des cas de femmes dont il s’agit. Elles constituent le gros des files d’attente pour l’aide alimentaire. Le nombre de familles monoparentales est estimé entre 1,5 et 2 millions, c’est-à-dire deux fois plus qu’il y a 30 ans. Une loi ressentie comme le début d’une réparation pour les mères isolées qui, parce qu'elles vivent en dehors des normes sociales, qu’elle qu’en soit la raison, doivent endurer, en plus de la précarité, au pire le jugement et le déshonneur, au mieux l’indifférence et le manque de soutien. Et ça ne date pas d'hier. 

Un très long cheminement 

En 1556 déjà un édit d’Henry II enjoignait aux femmes célibataires et aux veuves enceintes de déclarer leur "état" aux fonctionnaires royaux, faute de quoi elles risquaient le bannissement ou flagellation. Mères isolées aujourd’hui, "filles-mères" disait-on au XIXe siècle, incarnation du péché, du simple fait de vivre sans mari, les mamans solos auront dû attendre 1912, c’est-à-dire hier, pour qu’une loi contraigne les pères à reconnaître leur paternité, ce qui n’aura pas suffi à les sortir de la misère. Celle de Fantine contrainte de confier Cosette aux Thénardier, et à qui, écrivait Victor Hugo "le mépris acre et froid des passants pénétrait dans la chair et dans l’âme comme une bise".

Reste à savoir, alors qu’on apprenait lundi 1er avril dans le journal Le Monde qu’une quarantaine de mères isolées et leurs 76 enfants seraient bientôt expulsés de leur logement à Blois sur décision du conseil départemental, si cette idée de droits spécifiques fera ou pas consensus chez les députés, et dans la société, parce qu’il n’est jamais trop tard pour que l’histoire revienne sur ses pas.

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