Dans la peau de l'info. Ce qu'il faut savoir de la présence de lobbyistes dans le groupe de travail sur les cantines scolaires
"Qu'est-ce qu'on mange ?" Sans doute pas la même chose qu'hier : le contenu des fameuses assiettes de cantine devrait changer bientôt…ou pas. Ce menu collectif doit en effet respecter tout un tas de règles censées permettre un minimum équilibre alimentaire. Des règles pour le moins…pointues. Par exemple sur 20 repas consécutifs, il n'est possible de proposer que quatre produits gras et sucrés, plus de trois produits sucrés sachant qu’un produit laitier sucré avec moins de 20 grammes de sucre n’est pas considéré comme du sucre. Au final, tout ça fait quand même pas mal de sucre.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est que ces règles sont critiquées depuis des années. Si elles remontent en effet à 2011, les recommandations nutritionnelles ont évolué sensiblement depuis. Elles avaient été très largement influencées - et même élaborées main dans la main - avec les lobbys agricoles et agro-industriels. Le gouvernement avait promis que de nouvelles règles allaient être élaborées, et que, cette fois, elles seraient totalement indépendantes. Dans le programme national de nutrition 2019-2023, on peut ainsi lire que les nouvelles recommandations pour les cantines seront basées sur les rapports scientifiques des autorités sanitaires, et "les travaux d’un collège d’experts sans lien d’intérêts avec cette activité économique". Sauf que...
Selon un document que franceinfo a pu consulter, le groupe de travail mis en place pour définir les futures recommandations est certes constitué de nutritionnistes, mais aussi, et surtout, de lobbys avec celui de l'agriculture, la FNSEA, le lobby de la viande, Interbev, ou encore Geco Food, représentant des industriels de l’agroalimentaire, ou le CNIEL, le lobby de la filière laitière. Et, à la marge, quelques représentants de la société civile comme Greenpeace.
C'est bien sur la base de travaux élaborés par ce groupe que le ministère travaille actuellement à la rédaction d’un décret qui fixera le contenu des assiettes de vos enfants, avec des enjeux majeurs au menu. Il y a quelques semaines, Greenpeace s’inquiétait : le nouvel arrêté maintiendrait une obligation minimale de viande et pourrait mettre à mal l’option végétarienne quotidienne mise en place dans des centaines de cantines. Il y a quelques jours, c’est le magazine UFC-Que Choisir qui affirmait que le nouvel arrêté pourrait finalement…ne pas changer grand-chose, les lobbys ayant obtenu des changements à la marge.
Quant à l’agence de sécurité sanitaire, l’ANSES, dont les travaux devaient servir de base aux nouvelles recommandations, elle n’a toujours pas été saisie et attend qu’on lui transmette le projet d’arrêté. Un arrêté qui devait initialement être publié entre février et mai 2022.
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