Dans la peau d'un ralentisseur
Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu au cœur de l'actualité.
Ce matin, je suis le plus grand ennemi des amateurs de vitesse, de tuning et de vos amortisseurs, car je suis un ralentisseur... dans le viseur de plusieurs associations qui m’accusent de mise en danger de la vie d’autrui.
Un comble quand on sait que j’ai été inventé en 1906 aux Etats-Unis pour… sauver des vies. A l’époque, il n’y avait quasiment pas de voitures en circulation mais déjà la vitesse posait problème. Et lorsqu’une femme est renversée dans une ville du New Jersey, des blocs de pierre sont posés aux croisements de la route : mes premiers ancêtres. Mais c’est seulement dans les années 1970 que j’apparais en Europe, aux Pays-Bas d’abord. Aujourd’hui je peux être trapézoïdal, coussin berlinois ou gendarme couché. En réalité personne ne fait la différence et tout le monde m’appelle "dos d’âne". Rien à voir avec la forme du dos d’un âne qui est plat mais avec la charge qu’on y place…
Légalement, je ne devrais jamais faire plus de quatre mètres de long ni plus de dix centimètres de haut. Je ne devrais jamais être installé sur une route où passent plus de 3000 véhicules par jour, ni sur une ligne de bus. Mais les mairies et les départements profitent d’un flou législatif pour s’affranchir des règles et on me trouve sous toutes les formes et de toutes les tailles : 450 000 ralentisseurs en France pour seulement 34 000 communes.
Une brèche dans laquelle se sont engouffrées les associations d’automobilistes, pas vraiment adeptes de tout ce qui limite la vitesse : elles ont déjà réussi à faire condamner plusieurs communes, contraintes et forcées de me détruire ou de me raboter. Et, cette fois, elles s’en prennent directement au gouvernement accusé d’inaction en matière de pollution...
Retrouvez Dans la peau de l'info par Marie Dupin, tous les jours à partir de 7h20.
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