La poétesse Hélène Dorion est désormais au programme du bac
Alors que la rentrée des classes fait couler beaucoup d’encre entre les déclarations du nouveau ministre Gabriel Attal et celles de l’Élysée, un peu de poésie vient se glisser dans le programme de cette rentrée. Les lycéens qui passent le bac de français cette année auront bien de la chance avec une écrivaine pas comme les autres au programme. Hélène Dorion, dont le nom évoque celui d’une constellation, et dont le livre Mes forêts sera au programme pendant trois ans de tous les élèves de première générale et technologique, aux côtés des œuvres de Francis Ponge et Arthur Rimbaud.
C’est la première fois qu’une femme rejoint le cercle très restreint des auteurs vivants dont une œuvre entière est au programme du baccalauréat. Un "immense honneur" pour la poétesse québécoise de 65 ans, fière de pouvoir être étudiée par ces millions d’élèves : "une occasion unique de transmettre ce que peut être l’expérience immédiate de la poésie, comme une expérience de langage qui nous déplace, qui nous fait voir les choses un peu différemment, dans un monde très formaté". La poésie comme objet d’études bien sûr, mais surtout et d’abord comme "une manière d’être au monde, une manière de s’habiter soi-même".
Au cœur de sa poésie, la nature et les forêts
Le livre Mes forêts serait issu de son dialogue avec les arbres pendant la crise du Covid, des arbres "confinés c’est-à-dire immobiles, mais en même temps en constante transformation". Pour Hélène Dorion, écrire sur la nature s'est imposé comme une nécessité de penser le vivant différemment : "écouter, voir, bouger, comprendre le monde du vivant par l’intériorité, et transmettre cette compréhension à travers une poésie non pas militante mais engagée, en faveur d’une nature dont nous, humains, sommes partie prenante".
Par le choix d'Hélène Dorion, le ministère de l'Éducation nationale explique avoir voulu "mettre à l'honneur ce lien refondé avec le vivant et la nature". Le ministère explique aussi : "le livre d'Hélène Dorion rend compte d’une recherche, fondée sur les liens d’une extériorité (dont on sait qu’elle rejoint l’étymologie du mot "forêt") à une intériorité – à l’intime, qui, en nous rappelant que nous sommes partie prenante de la nature, enseigne une possible habitation poétique de la terre".
Cet été dans une tribune au monde, alors que les immenses forêts canadiennes de son pays partaient en fumée, Hélène Dorion s'interrogeait ainsi : "Au milieu des flammes déchaînées, que nous manque-t-il pour sentir que nous sommes ce qui brûle avec eux ?" Peut-être un peu de poésie.
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