Visite d'État du roi des Belges en France : la Belgique vit dans l'attente de la formation d'une coalition gouvernementale

Le roi Philippe et la reine Mathilde sont attendus lundi en France pour une visite d'État de trois jours, qui passera par Paris et Lille. Un déplacement assez rare finalement, au moment où la Belgique attend depuis quatre mois la nomination d'un nouveau gouvernement.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Roi Philippe de Belgique et son épouse la Reine Mathilde d'Udekem d'Acoz arrivent au Palais de l'Elysee a l'occasion du lancement des Jeux Olympiques de Paris 2024, le 26 juillet 2024. (ANTONIN BURAT / LE PICTORIUM / MAXPPP)

En arrivant lundi 14 octobre au soir sur le perron de l'Élysée, pour un dîner d'État à l'invitation du couple Macron, le roi Philippe et la reine Mathilde se souviendront que la dernière visite d'État en France d'un souverain belge remonte... à 2003. À l’époque, Albert II et son épouse prenaient la pause avec Jacques et Bernadette Chirac, Emmanuel Macron arpentait les couloirs de l'ENA, et Michel Barnier était commissaire européen.

Un temps révolu donc, mais le nouveau Premier ministre et le roi, qui déjeuneront ensemble lundi midi, auront sans doute des choses à se raconter. Si la nomination du savoyard à Matignon a constitué le feuilleton politique de l'été en France, le roi des Belges vit avec un gouvernement démissionnaire depuis le 9 juin 2023, dans l'attente de la formation d'une coalition.

Parmi les rares prérogatives politiques du roi figure la nomination d'un "formateur", terme utilisé pour le responsable politique missionné pour bâtir une équipe gouvernementale à l'issue des élections. Ce "formateur", c'est Bart de Wever, chef de file des conservateurs flamands du N-VA, réélu dimanche à la tête de la ville d'Anvers, capitale de la Flandre belge, région la plus riche et la plus peuplée du pays, où les habitants parlent néerlandais.

Une région qu'il voulait rendre indépendante ! C'était même la raison d'être de son mouvement, lors de sa naissance il y a un peu plus de 20 ans. L'Alliance néoflamande, devenue le premier parti du pays, s'est bâtie sur une aspiration d'indépendance, et de rupture entre la Flandre et la Wallonie. Une formule qui a fait son succès, mais qui est aussi sa limite, dans un pays morcelé politiquement, et où la coalition est la règle. Difficile de rassembler quand on prône la séparation...

L'indépendance de la Flandre n'est plus une revendication

Bart de Wever a donc progressivement adouci ses positions, désormais le N-VA plaide pour l'instauration d'un système de confédération, avec une forte autonomie régionale, mais en maintenant l'unité belge. Si la poussée à droite de la Wallonie lui offre l'occasion de construire une coalition de centre droit, l'inflexion a laissé un espace à l'autre parti nationaliste flamand, qui prend de l'envergure, élection après élection. Le parti de l'extrême droite flamande, le Vlaams Belang, est arrivé en tête des dernières européennes, et il a remporté pour la première fois dimanche un scrutin communal dans une ville de 40 000 habitants (Ninove, à l'ouest de Bruxelles). Exclu des négociations pour gouverner jusqu'ici, en vertu du traditionnel cordon sanitaire, le mouvement se prend à rêver d'accéder au pouvoir. De quoi nourrir les débats lors du déjeuner à Matignon, et du dîner prévu lundi soir à l'Élysée, au moment où la France et la Belgique s'affronteront... en ligue des nations de football.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.