Vin, fromage : la Russie développe ses savoir-faire pour diminuer la présence des produits occidentaux sur son marché

Depuis 20214 et les premières sanctions après l'annexion de la Crimée, il y a un embargo sur les produits agricoles européens en Russie : impossible de trouver du fromage français ou de la charcuterie italienne depuis plus de dix ans. Mais si le pouvoir russe n'avait pas osé, à l'époque, s'attaquer au vin, la guerre en Ukraine a changé la donne : les droits de douane sur les importations de vins sont progressivement passés de 12 à 25%, mais seulement pour les vins pays dits "inamicaux", c'est-à-dire l'Europe, les Etats-Unis, le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande... Le prix de tous les vins en provenance des ces pays a donc fortement augmenté, parce qu'en plus la logistique est plus compliquée, plus chère.

Conséquence : la part de marché des vins européens, italiens, français espagnols a chuté. Les vins français ont même perdu leur deuxième place au classement des importations de vins étrangers, au profit de la Géorgie. Les vins italiens sont toujours les premiers, mais en forte baisse eux aussi.

Les vins des "pays amis" en profitent, ainsi que les vins russes

Leurs parts de marché progressent. Ces "pays amis", ce sont l'Afrique du Sud, le Chili, ou encore l'Argentine. On a même vu des vins indiens et chinois arriver sur le marché russe cette année. C'est la nouvelle donne de la géopolitique viticole. La part de marché des vins russes, par ailleurs, s'est renforcée : ils représentent presque 50% du marché en valeur et 60% en volume.

La production viticole russe a énormément progressé ces dernières années, en quantité mais surtout en qualité. Ce sont des vins des bords de la mer Noire essentiellement, ou des bords de la mer Caspienne. En 2024, les vins russes ont pris la deuxième place des ventes chez Simple Wine, qui est la principale chaîne de cavistes haut de gamme en Russie. C'est une petite révolution, et c'est la conséquence des sanctions.

Le fromage aussi

La Russie qui produisait peu de fromage, et surtout de qualité franchement moyenne avant 2014, a peu à peu développé un savoir-faire fromager. Cela a commencé par des copies : on trouve du Бри (brie) ou du Камамбер (camembert) qui n'ont pas grand-chose à voir avec nos fromages. Mais on en voit arriver de nouveaux, qui sont honnêtement de bons fromages affinés et qui ont remplacé leurs homologues français ou italiens dans les épiceries de luxe.