Trafic de drogue : une lutte sanglante et fratricide au sein d'un cartel dans l'État mexicain du Sinaloa

Quelques semaines après l'arrestation du chef historique du cartel du Sinaloa, des affrontements violents ont fait au moins 70 morts depuis deux semaines à Culiacan, la capitale de cet État devenu la plaque tournante du trafic de fentanyl, drogue de synthèse qui fait des ravages aux États-Unis.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des camions incendiés bloquant une autoroute lors de violents combats à la périphérie de Culiacan, dans l'État de Sinaloa, au Mexique, le 29 août 2024. (- / SINALOA'S SECRETARY OF SECURTY)

Des lieux publics désertés, des écoles fermées, des transports à l'arrêt, et des cadavres qui se multiplient. Voilà l'atmosphère qui règne depuis le début du mois de septembre dans la ville de Culiacan, capitale de l'État du Sinaloa, dans le nord-ouest du Mexique. La ville n'est pas connue pour son calme, elle a malheureusement l'habitude de ces événements violents, depuis que le cartel portant le nom de la région a développé une puissance qui en fait aujourd'hui l'une des organisations criminelles les plus puissantes au monde.

Un cartel qui se déchire entre ses deux principales branches, occasionnant des scènes de guerre en pleine rue. Ces affrontements sanglants ont déjà fait au moins 70 morts, sans compter les dizaines d'enlèvements ou de disparitions, malgré l'intervention de l'armée. La guerre est déclarée depuis l'arrestation, fin juillet, du chef historique du cartel, Ismael Zambada Garcia, surnommé "El Mayo". Un baron de la drogue de 76 ans, fondateur du cartel du Sinaloa avec Joaquin Guzman, qui était connu lui sous l'alias "El Chapo", et dont l'arrestation et le procès aux États-Unis ont fait grand bruit, inspirant les producteurs de séries.

Des tensions entre Mexico et Washington

El Mayo a été cueilli à sa descente d'un avion privé au Texas, où il avait pris place avec le fils de son ancien rival, Joaquin Guzman Lopez, qui a pris la relève de son père à la tête de la branche des "Chapitos". Une arrestation entourée de mystères, les deux hommes s'accusant mutuellement d'avoir livré l'autre, et menée dans le plus grand secret par les autorités américaines, qui n'ont pas averti le gouvernement mexicain de l'opération.

Le camouflet a provoqué un gros coup de froid diplomatique entre Mexico et Washington, et illustre la méfiance américaine vis-à-vis des autorités mexicaines, dans un pays gangrené par la corruption. Le cartel du Sinaloa est particulièrement dans le collimateur américain, car il est devenu la plaque tournante du trafic de fentanyl, comme le montre  l'incroyable enquête du journal Le Monde. Cet opiacé de synthèse, importé de Chine et transformé par les trafiquants, se répand aux États-Unis où il fait des ravages, avec une estimation d'au moins 80 000 morts par an par overdose.

Un changement de présidence 

C'est dans ce contexte que le mandat du président mexicain s'achève. Angel Miguel Lopez Obrador, dit "AMLO" laissera le pouvoir début octobre à Claudia Sheinbaum, qui deviendra la première femme à la tête de ce pays de près de 130 millions d'habitants. Arrivé au pouvoir en 2018 avec le slogan "Abrazos, no balazos" ("des accolades, pas des fusillades"), AMLO garde une popularité intacte, mais un bilan sécuritaire loin de ses ambitions initiales. Après avoir donné beaucoup de pouvoir à l'armée, son mandat aura été marqué par 193 000 homicides et plus de 50 000 disparitions.

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