Élection présidentielle en Algérie : Abdelmadjid Tebboune part très largement favori dans un scrutin sans espoir de changement
Le plus grand pays d'Afrique s'apprête à voter, samedi 7 septembre, pour l'élection présidentielle. Quelque 24 millions d’Algériens sont appelés aux urnes. Un scrutin joué d’avance, sans enjeux. L’actuel président, Abdelmadjid Tebboune, part très largement favori et file tout droit vers un deuxième mandat de cinq ans. À 78 ans, cet ancien préfet bénéficie du soutien de tout l’appareil d’État. Une presse verrouillée, des réseaux sociaux inondés de ses vidéos TikTok, des dizaines d’opposants emprisonnés, l'ancien parti unique le FLN à ses côtés : un rouleau compresseur sans adversaire à sa taille.
Deux autres candidats fantoches
Ils sont deux candidats à avoir été autorités à participer. Abdelaali Hassani, ingénieur des travaux publics de 57 ans, président du principal parti islamiste, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et Youssef Aouchiche, ancien journaliste et sénateur de 41 ans, depuis 2020, chef du Front des forces socialistes (FFS), un parti d'opposition historique, très implanté dans le territoire rebelle de la Kabylie, qui boycottait les élections depuis 1999. Ces figurants n’ont qu’un seul rôle, faire monter la participation, notamment en Kabylie, seul enjeu du scrutin. Aux dernières élections, en 2019, la participation n'avait pas dépassé les 40% dans tout le pays et fut de 0,18% en Kabylie, la plus faible de toute l’histoire. Cette fois, Abdelmajjid Tebboune rêverait d’être un président bien élu.
Son premier mandat avait pourtant bien commencé. Il avait réussi à surfer sur le mouvement de protestation populaire du Hirak en 2019, qui avait provoqué la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Abdelmadjid Tebboune avait gracié des dizaines de détenus politiques, condamné les proches du pouvoir. Un grand ménage, mais sans lendemain. Les manifestations ont ensuite toutes été interdites à la faveur du Covid-19, et les leaders du mouvement incarcérés. Aujourd’hui, il y aurait encore plus de 200 prisonniers politiques, selon les défenseurs des libertés.
Des promesses électorales coûteuses
L’actuel président dément cette répression de la dissidence. Il n’y a pas de prisonniers politiques en Algérie, selon Abdelmadjid Tebboune, qui se présente comme une figure paternelle. L’Oncle Tebboune, son nouveau surnom, préfère se concentrer sur l‘économie, avec des promesses colossales, doubler le salaire des fonctionnaires et créer 450 000 nouveaux emplois, le tout grâce aux énormes ressources gazières du pays, dont le prix a explosé avec la guerre Ukraine. L’Algérie, plus grand pays d’Afrique, est désormais la troisième économie du continent, avec 4% de croissance, l’Algérie dont le rôle est désormais capital dans l’approvisionnement de l’Europe en gaz.
Mais le pays reste bien seul dans le concert des Nations. Une crise profonde a explosé cet été quand Paris à confirmer son soutien au Maroc voisin, sur la question explosive du Sahara occidental, dont l’Algérie défend l’indépendance. Depuis, la brouille est totale. L’ambassadeur d’Algérie en France a été immédiatement rappelé. Les embrassades entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ne sont désormais qu'un lointain souvenir.
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