Au Japon, des exercices militaires conjoints avec la France sur fond de tensions régionales

Le Japon est connu pour être un pays pacifiste, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une armée et de faire des manœuvres régulières avec des pays étrangers, dont la France.
Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des soldats japonais lors d'exercices sur la base Ojojihara, un des camps d’entraînement des forces d’autodéfense terrestres japonaises, le 17 septembre 2024 (KARYN NISHIMURA / RADIO FRANCE)

En ce mois de septembre, des membres de la 6e brigade légère blindée de l'armée française étaient sur la base militaire japonaise d’Ojojihara, près de la ville de Sendai dans le nord-est du pays, pour des exercices avec la 9e division des forces d’autodéfense terrestres japonaises. Il s’agissait de coordonner les deux groupes dans le cadre d’une simulation de guérilla urbaine.

Ces exercices, baptisés "Brunet-Takamori", sont les premiers conduits en terre nippone. Et, compte tenu des restrictions constitutionnelles du Japon qui lui interdisent de projeter des forces à l’étranger dans le cadre d’un conflit armé, ils ne pourraient trouver une application concrète que dans des hypothèses limitées : "L’armée française est significativement engagée sur les théâtres d’opération, ce qui n'est pas le cas des forces d’autodéfense japonaises. On peut effectivement imaginer plutôt des scénarios opérationnels qui seraient dans un mode défensif face à une éventuelle agression du territoire japonais", confirme le général français Valentin Seiler. 

Un message du Japon à ses puissants voisins

Ces exercices auraient pu être conduits en secret, mais les médias ont été avertis. Le commandant Fumio Fujioka le justifie par les tensions actuelles dans la région : "Actuellement,  avec l’augmentation des capacités militaires dans la région, nous considérons que notre pays affronte la situation la plus difficile depuis la guerre. Pour renforcer considérablement notre défense, nous pensons qu’il est indispensable de nous rapprocher des pays qui partagent notre vision d’une zone Indo-Pacifique libre et ouverte. Le fait d’accentuer notre coopération avec la France et de le faire savoir publiquement à l’intérieur et à l’extérieur contribue à renforcer la dissuasion."
 
Le but premier pour le Japon est donc d’avertir la Chine, la Russie et la Corée du Nord, sans les nommer, que Tokyo a beaucoup d’alliés, et pas seulement les Etats-Unis. Mais ce faisant le Japon, dont la constitution pacifiste est un symbole, retrouve des accents militaires quitte à ce que les messages diplomatiques, eux, deviennent plus rares et moins audibles, et au risque d’attiser l’escalade. Ce qui inquiète évidemment une partie de la population japonaise.

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