Liban : les bombardements israéliens visent notamment la "force Radwan" du Hezbollah, une unité particulièrement offensive

Le Hezbollah, cette formation chiite créée et guidée par l'Iran, possède un arsenal bien supérieur à celui du Hamas. Mais elle comporte aussi une unité spéciale très expérimentée, la "force Radwan", qu'Israël a particulièrement dans le viseur.
Article rédigé par franceinfo - Arthur Sarradin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Site de l'attaque aérienne israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, le 21 septembre 2024. (PICTURE ALLIANCE / PICTURE ALLIANCE)

Après avoir ciblé le commandement du Hezbollah via des bipers et des talkie-walkies piégés, Israël poursuit ses frappes sur la milice libanaise avec son aviation, jusqu'au sud de Beyrouth et dans la vallée de la Bekaa, à l'est du pays. Ces bombardements, qui ont déjà fait plus de 550 morts, se poursuivent alors que des dizaines de milliers de Libanais fuient le sud du pays.

Une unité d'élite composée de 2 500 membres

Le Hezbollah poursuit lui aussi ses tirs de roquettes en profondeur sur le territoire israélien. Cette formation chiite, créée et parrainée par l'Iran, possède un arsenal bien supérieur à celui du Hamas, comprenant des missiles de longue portée. Mais une de ses unités est une clé pour comprendre cette guerre : la "force Radwan". C'est une unité d'élite particulièrement offensive et positionnée précisément à la frontière avec Israël.

L’unité Radwan ou force Radwan, qu’on appelle parfois aussi l’Unité 125, regroupe les forces d'élite spéciales du Hezbollah. Sa branche armée est censée être la plus expérimentée. Elle a été créée dans les années 90, mais son nom "force Radwan" lui a été donné en 2008, en mémoire du numéro deux du Hezbollah, tué dans un attentat en Syrie. On estime qu’aujourd’hui l’unité compte 2 500 membres, bien que son organigramme reste secret.

À la différence des autres unités du Hezbollah, il ne s’agit pas d’une force défensive, mais bien d’une unité pensée pour l’offensive. L'unité Radwan est formée aux opérations d’infiltration. Ses membres sont triés sur le volet, ils ont la promesse d’une certaine autonomie sur le terrain et possèdent leurs propres de stock de munitions. Les hommes qui la composent sont des ingénieurs de combat, des membres de commandos spécialisés, mais aussi des agents du renseignement militaire.

Une longue expérience, notamment en Syrie

Cette unité est donc la première qu'Israël a dans son viseur, car nombre de ses membres sont postés dans des bases isolées dans la vallée du sud Liban, proche de la frontière avec Israël. Il faut comprendre aussi que l'unité Radwan est formée et capable de s'infiltrer dans les territoires israéliens en cas de guerre à grande échelle. Elle est aussi en mesure de capturer des positions ennemies, ou de prendre des otages. C’est d’ailleurs ce qu’elle pourrait faire en cas d’attaque terrestre d'Israël dans le sud du Liban, si jamais le Hezbollah voulait jouer le rapport de force sur le terrain.

Cette force de frappe vient du financement et de l'entraînement organisés par le Hezbollah, mais aussi de son expérience. L’unité Radwan a longtemps été active en Syrie, pour soutenir le régime de Bachar al-Assad. Pendant ce conflit, elle a été stationnée dans la région d'Alep, puis dans le Nord syrien, au moins jusqu’en 2017. C’est là qu'elle a appris à mener des conflits en milieu urbain, et à parfaire son commandement militaire.

Peu touchée par le sabotage des bipers

Depuis le début de cette guerre, elle a été affaiblie et a subi des pertes. Contrairement à d'autres factions du Hezbollah, les membres de l’unité Radwan n’ont pas été les plus touchés par le sabotage des bipers et des talkie-walkies par Israël. En réalité, ils n’en utilisent pas afin de minimiser leur exposition au risque de repérage. Mais le vendredi 20 septembre, un bombardement israélien a détruit un immeuble de neuf étages, dans une zone densément peuplée du sud de Beyrouth, éliminant une partie de l'état-major de l'unité Radwan. Ibrahim Aqil, son fondateur et commandant y a notamment trouvé la mort.

Israël ne cache pas son objectif, celui de renvoyer cette unité et plus généralement le Hezbollah au-delà du fleuve Litani, c'est-à-dire à une dizaine de kilomètres de sa frontière avec le Liban. Un objectif de guerre qu'Israël a toujours échoué à mener à bien, depuis la création du Hezbollah dans les années 80. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.