Irlande : des "chambres" aménagées au fond des jardins pour faire face à la pénurie de logements

On les appelle "semorai". Partout à travers le pays, des sortes de dépendances, souvent illégales, fleurissent au fond des jardins derrière les maisons. Certains voudraient réglementer leur construction, ils y voient une solution à la grave pénurie de logements.
Article rédigé par franceinfo - Clémence Pénard
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
L'Irlande fait face à une pénurie de logements. Les agglomérations, comme Dublin, sont particulièrement touchées. Photo d'illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

D’ici 2050, l’Irlande pourrait avoir besoin de deux millions de nouveaux logements, selon le gouvernement. Or, une grande partie de ces deux millions de logements devra être construite là où les besoins sont les plus criants, c'est-à-dire dans les agglomérations. Seán O’Neill McPartlin est directeur de la politique du logement pour le groupe de réflexion Progress Ireland. D’après lui, Dublin compte un grand nombre de maisons individuelles. Il n’y a certes plus de terrains disponibles dans la ville, en revanche, celle-ci regorge de jardins privés.

Des jardins qui sont déjà aménagés avec toutes les infrastructures essentielles : de l'eau, de l'électricité, etc. C’est donc une occasion manquée, selon Seán O’Neill McPartlin. "Quand c'est petit et insignifiant dans votre jardin, en respectant certaines règles bien sûr, vous n'avez pas besoin d'autorisation de construire, explique-t-il. Ainsi, à travers le pays, les jardins sont pleins de hangars, de bureaux, ou même de salles de sport à domicile, et souvent, ce sont des structures sous-utilisées. Mais les résidents irlandais, les voisins, sont bien habitués à ce que ces structures soient érigées à côté de chez eux. Nous disons qu'en plus de ces structures, ou à leur place, les gens pourraient construire des maisons, à condition de respecter certaines règles".

Des structures au fond des jardins privés, qui sont utilisées comme logements, c’est déjà une réalité en Irlande. C’est ça qu’on appelle "seomraí", ce mot, en langue irlandaise, signifie "chambre". D’ailleurs, ces logements sont aussi connus sous le nom de "granny flats", puisqu’ils sont traditionnellement destinés à un parent âgé. L’idée est de lui permettre de garder son espace et son indépendance, tout en restant proche de la famille. Surtout, on évite ainsi la maison de retraite. "D'innombrables personnes ont construit ces seomraí, dans de nombreux cas illégalement, mais pour répondre à un besoin. Ils ont un enfant handicapé, un parent plus âgé, et ces gens-là sont terrifiés que leur maison leur soit retirée", avertit Seán O’Neill McPartlin.

Un coût de fabrication nettement moins élevé

Le Conseil municipal de Dublin a déjà demandé que certaines de ces structures soient détruites, laissant des personnes sans abri. "Maintenant, bien sûr, nous ne disons pas qu’il faut enfreindre la loi, mais cela montre à quel point la situation est désespérée. Si nous réglementions cela correctement, si nous facilitions leur construction, beaucoup de maisons de qualité pourraient être livrées", plaide Seán O’Neill McPartlin. Lui et Progress Ireland se sont inspirés de politiques similaires à l’étranger. En Californie, par exemple, en 2022, plus de 25 000 "unités d'habitation accessoires", leurs seomraí à eux, ont été construites. Soit une maison neuve sur cinq, construite dans l’État.

Ces habitats représentent aussi des économies. Dublin est la deuxième ville, après Zurich, la plus chère d'Europe pour la livraison d’appartements. Comptez au minimum 400 000 euros. Le coût de livraison d’un seomraí est lui de 70 000 euros. Selon Progress Ireland, plus de 350 000 logements, à travers le pays, auraient un espace suffisant dans le jardin pour construire un seomraí. 

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