Cet article date de plus d'onze ans.

Sous les pavés, le design : le métropolitain

écouter
Les espaces publics, et plus spécialement les transports, font appel aux designers. Une exposition leur est actuellement consacrée à Paris au "Lieu du Design" dans le 12e arrondissement.
Article rédigé par
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min.
  (©)

 

Le métropolitain de Paris est né en 1900, avec la signature
de l'architecte Hector Guimard. Comme la tour Eiffel, ces entrées symbolisent
Paris. Aujourd'hui les designers vont encore plus loin dans la réflexion. Les
espaces publics qu'ils soient sous terre comme le métro ou en surface doivent
être au service du plus nombre. Laurent Dutheil, Directeur du L ieu du D esign où a lieu cette exposition nous explique
que le rôle du designer est fondamental pour un " vivre
mieux " et que les PME devraient s'en inspirer un peu plus.

Placée sous le commissariat de Yo Kaminagai, délégué à la Conception au
Département des Espaces et du Patrimoine de la RATP, l'exposition présente aux
décideurs politiques, aux maîtres d'ouvrage et au grand public, le designer,
véritable concepteur militant, sous 8 postures complémentaires : humaniste,
créateur inspirateur, innovateur, agent économique, acteur responsable et
engagé, solveur de problème, médiateur et révélateur d'identité.

Yo Kaminagai a parcouru le monde pour comparer les métros et leurs espaces.
Les "architectes d'art" qu'on n'appelait pas encore designers en 1900 montraient la
voie. Les 140 fameuses entrées de métro de Guimard, ont donné à la ville
de Paris une cohérence dans le mobilier urbain. Cet "Art nouveau" a
même inspiré les architectes et les designers d'aujourd'hui, tels que Norman
Foster qui a conçu en 1995 le métro de Bilbao.

A l'époque, le
fonctionnel rejoignait le confort, comme ces carreaux blancs biseautés qui ont
été choisis pour habiller les voûtes des stations. Elles étaient facilement
lavables, mais aussi diffusaient un éclairage faible : une ampoule de 25
watts tous les 5 mètres qui devaient éclairer toute la station. Ces carreaux
sont devenus par la suite un "geste artistique".

Nous sommes passés de 50 000 passagers en 1900 à plus de 4 millions et demi
par jour. Et pour le métro de Tokyo, c'est plus de 8 millions ! Il faut
donc gérer les foules et faire en sorte que les transits, les attentes, les
orientations satisfassent le plus grand nombre.

Cette vie souterraine peut également devenir le refuge des sans-logis qui
viennent trouver un peu de chaleur. Mais les installer ou faciliter leur "hébergement"
est incompatible avec le flux des voyageurs, et une étude a montré qu'au-delà
de 3 jours, il y avait une désorientation complète des personnes qui ne
distinguent plus la nuit du jour, avec une horloge biologique totalement
dégradée. Bien sûr, ce n'est pas de gaieté de cœur que le designer a conçu des
sièges "faits pour se reposer, pas pour s'installer", car le problème
est ailleurs, et les gens du bas ne peuvent résoudre tous les problèmes des
gens du haut.

Le rôle du designer est aussi dans la présence de la publicité, qui
participe au financement des transports publics, qui peut être distractive et informative,
notamment les programmes culturels, mais ne pas être agressive comme les écrans
de télé ou les sons dans les voitures.

Pour que ces espaces soient un lieu de vie, ou l'on se parle, ou le temps du
transport parait moins long, il y a des initiatives intéressantes, telles ces
stations thématiques comme le Louvre, ou Arts et Métiers, mais leur
nombre ne dépassent pas les 10% sur les 301 stations que compte le réseau de la RATP.

Transporter plus, plus vite et mieux  est le souci permanent des
opérateurs, mais ils doivent prévoir l'avenir car les voyageurs changent eux aussi : ils sont de plus en plus connectés avec l'extérieur via leur Smartphone, facteur nouveau dont il faut tenir
compte pour les années qui viennent.

Voyageurs connectés, publicité maitrisée, animations ciblées, volumes et
mobiliers adaptés sont autant de défis pour accueillir chaque année ce milliard
et demi de voyageurs sous Paris.

Du sublime métro de Moscou, de Stockholm, ou de Barcelone en passant par
Tokyo, les architectes et designers tentent de faire rimer, identité, originalité
et efficacité.

Serge Gainsbourg, célébrait le poinçonneur des Lilas qui faisait des trous dans les tickets à
longueur de journée, mais il y avait une présence humaine. Aujourd'hui, il a
été remplacé par un tourniquet et les caméras ont remplacé le surveillant du
quai.

Les designers tentent de faire de ces lieux de passage des lieux de vie et
de convivialité.

C'est à voir dans l'exposition "Sous les pavés le design ",
c'est gratuit et c'est jusqu'au 23 juin au Lieu du Design, 74 rue du Faubourg
Saint-Antoine 75012 Paris.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.