Le métropolitain de Paris est né en 1900, avec la signaturede l'architecte Hector Guimard. Comme la tour Eiffel, ces entrées symbolisentParis. Aujourd'hui les designers vont encore plus loin dans la réflexion. Lesespaces publics qu'ils soient sous terre comme le métro ou en surface doiventêtre au service du plus nombre. Laurent Dutheil, Directeur du L ieu du D esign où a lieu cette exposition nous expliqueque le rôle du designer est fondamental pour un " vivremieux " et que les PME devraient s'en inspirer un peu plus.Placée sous le commissariat de Yo Kaminagai, délégué à la Conception auDépartement des Espaces et du Patrimoine de la RATP, l'exposition présente auxdécideurs politiques, aux maîtres d'ouvrage et au grand public, le designer,véritable concepteur militant, sous 8 postures complémentaires : humaniste,créateur inspirateur, innovateur, agent économique, acteur responsable etengagé, solveur de problème, médiateur et révélateur d'identité.Yo Kaminagai a parcouru le monde pour comparer les métros et leurs espaces.Les "architectes d'art" qu'on n'appelait pas encore designers en 1900 montraient lavoie. Les 140 fameuses entrées de métro de Guimard, ont donné à la villede Paris une cohérence dans le mobilier urbain. Cet "Art nouveau" amême inspiré les architectes et les designers d'aujourd'hui, tels que NormanFoster qui a conçu en 1995 le métro de Bilbao.A l'époque, lefonctionnel rejoignait le confort, comme ces carreaux blancs biseautés qui ontété choisis pour habiller les voûtes des stations. Elles étaient facilementlavables, mais aussi diffusaient un éclairage faible : une ampoule de 25watts tous les 5 mètres qui devaient éclairer toute la station. Ces carreauxsont devenus par la suite un "geste artistique".Nous sommes passés de 50 000 passagers en 1900 à plus de 4 millions et demipar jour. Et pour le métro de Tokyo, c'est plus de 8 millions ! Il fautdonc gérer les foules et faire en sorte que les transits, les attentes, lesorientations satisfassent le plus grand nombre.Cette vie souterraine peut également devenir le refuge des sans-logis quiviennent trouver un peu de chaleur. Mais les installer ou faciliter leur "hébergement"est incompatible avec le flux des voyageurs, et une étude a montré qu'au-delàde 3 jours, il y avait une désorientation complète des personnes qui nedistinguent plus la nuit du jour, avec une horloge biologique totalementdégradée. Bien sûr, ce n'est pas de gaieté de cœur que le designer a conçu dessièges "faits pour se reposer, pas pour s'installer", car le problèmeest ailleurs, et les gens du bas ne peuvent résoudre tous les problèmes desgens du haut.Le rôle du designer est aussi dans la présence de la publicité, quiparticipe au financement des transports publics, qui peut être distractive et informative,notamment les programmes culturels, mais ne pas être agressive comme les écransde télé ou les sons dans les voitures.Pour que ces espaces soient un lieu de vie, ou l'on se parle, ou le temps dutransport parait moins long, il y a des initiatives intéressantes, telles cesstations thématiques comme le Louvre, ou Arts et Métiers, mais leurnombre ne dépassent pas les 10% sur les 301 stations que compte le réseau de la RATP.Transporter plus, plus vite et mieux est le souci permanent desopérateurs, mais ils doivent prévoir l'avenir car les voyageurs changent eux aussi : ils sont de plus en plus connectés avec l'extérieur via leur Smartphone, facteur nouveau dont il faut tenircompte pour les années qui viennent.Voyageurs connectés, publicité maitrisée, animations ciblées, volumes etmobiliers adaptés sont autant de défis pour accueillir chaque année ce milliardet demi de voyageurs sous Paris.Du sublime métro de Moscou, de Stockholm, ou de Barcelone en passant parTokyo, les architectes et designers tentent de faire rimer, identité, originalitéet efficacité.Serge Gainsbourg, célébrait le poinçonneur des Lilas qui faisait des trous dans les tickets àlongueur de journée, mais il y avait une présence humaine. Aujourd'hui, il aété remplacé par un tourniquet et les caméras ont remplacé le surveillant duquai.Les designers tentent de faire de ces lieux de passage des lieux de vie etde convivialité.C'est à voir dans l'exposition "Sous les pavés le design ",c'est gratuit et c'est jusqu'au 23 juin au Lieu du Design, 74 rue du FaubourgSaint-Antoine 75012 Paris.