Mendès-France ou le collège de la vigilance
La souriante principale Marie-Hélène Pauly accueille les élèves dès la grille de l'établissement d'un "bienvenue et bonne rentrée " franc et énergique. Le premier matin, seuls les élèves de 6ème font leur rentrée. L'objectif : ne se consacrer qu'à eux.
Au collège Pierre Mendès-France, plus de la moitié des enfants sont issus de milieux défavorisés. L'établissement a été, dans un passé pas si lointain, un établissement très difficile, avec 42 % seulement de réussite au brevet des collèges en 2006. Mais les chiffres ces deux dernières années ont été bien meilleurs : 90 et 88 % de réussite.
Le redressement s'est fait grâce aux moyens octroyés à ce collège, mais aussi grâce au travail mené par les équipes dirigeantes et enseignantes. Les personnels ont fait de la vigilance leur priorité. D'ailleurs, ce mardi, dès la rentrée, une première réunion de parents d'élèves de 6ème était organisée au réfectoire avec la conseillère principale d'éducation, l'infirmière, ou les surveillants autour de la principale.
"Vous, parents, et nous, personnels du collège, nous sommes comme un couple, nous devons parler d'une même voix pour que vos enfants ne soient pas tentés de se jouer de nous. Tous, nous avons le même objectifs : la réussite des élèves, la réussite de vos enfants" (Marie-Hélène Pauly, principale du collège Mendès-France de Méru)
De son côté, le principal adjoint, Fabrice Descamps rappelle les règles essentielles en matière d'absence, de comportement, de respect. "Si vous estimez que votre enfant doit avoir un téléphone portable, très bien, mais sachez qu'une fois passée la grille du collège, ces appareils doivent rester dans les cartables en position éteinte. Si ça n'est pas le cas, c'est la confiscation et vous devrez venir rechercher ces mobiles dans mon bureau. Il n'y aura aucune exception à cette règle claire " explique-t-il.
Le collège mise aussi sur l'expérience et la complicité des professeurs. Le "turn-over" des enseignants a été limité ces dernières années pour créer une continuité d'une année scolaire sur l'autre. "Quand je suis arrivé à Méru, il y a 6 ans, je n'étais pas ravi. Je n'étais pas très content de me retrouver en ZEP. Mais aujourd'hui pour moi, il ne serait plus question de demander mon changement. Je me suis attaché à ce collège et à ses élèves qui sont très demandeurs. En ZEP, on se sent vraiment utiles, on sait pourquoi on est là. On apporte beaucoup aux enfants, et ils nous le rendent bien avec de vraies leçons de vie parfois " commente Martin, enseignant en mathématiques.
Des régles de vie à respecter
A quelques mètres de là, l'heure est à la distribution des livres pour les jeunes élèves de 6ème. L'occasion de faire connaissance avec la conseillère d'éducation et les surveillants: "Dès le premier jour, on peut repérer les élèves qui seront les plus chahuteurs. C'est important, alors dès le début de l'année, de leur imposer des limites pour cadrer au plus vite les choses, pour que les règles de vie commune soit rapidement respectées " explique Stéphane, surveillant et éducateur sportif.
A côté de lui, Agathe et Nabil, 11 ans, s'appliquent à écrire leurs noms sur les manuels qu'ils viennent de recevoir. Ils viennent de faire connaissance avec leur professeur principale: "Elle nous a demandé nos noms, prénoms, date de naissance et ce qu'on aimait dans la vie ou ce qu'on aimait pas ; J'ai dit la vérité : que j'adore la mode, et que je déteste les maths ", s'amuse Agathe. "On a aussi eu nos premiers carnets de correspondance et on a visité le collège " ajoute Nabil qui trouve l'établissement bien grand. Les premiers jours, il dit qu'il restera toujours avec ses copains pour être certain de ne pas se perdre.
Agathe et Nabil sont de bons élèves, ils épauleront sans doute la trentaine de leurs camarades du collège qui, eux, ne maîtrisent pas encore la langue française. Ils viennent de Roumanie, de Pologne, du Cap vert, de Géorgie, du Kosovo. Et vont recevoir - en plus des cours - des leçons intensives de français avec une enseignante dédiée.
Des cours de "français langue seconde"
Dans ce cours, on devrait notamment retrouver Bruno, 14 ans, qui est arrivé il y a une semaine seulement du Portugal. Le principal adjoint l'accueille dans son bureau. Pour les formalités de rentrée, l'adolescent est heureusement venu avec sa tante qui, elle, parle français : "Je viens de découvrir son bulletin de note de l'an dernier au Portugal. Même si je ne parle pas portugais, j'arrive à déchiffrer. Regardez : Géografia, c'est pour géographie " s'amuse Fabrice Descamps qui fait passer rapidement un premier petit test de langue à Bruno. "Combien de frères et sœurs as-tu ? ". Le garçon peine un peu mais s'en sort et répond. Une petite dictée plus tard, le voici sorti. Peu de doutes, il rejoindra le cours de "français langue seconde ", une particularité du collège Mendès France.
Pour que les enseignants puissent aider en particulier les élèves comme Bruno, ou les élèves en difficulté, les effectifs sont raisonnables dans ce collège. C'est le propre de la ZEP. Cette année, pas une classe ne compte plus de 23 élèves.
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