Carhaix, la rebelle
Son vrai nom, son nom complet c'est
Carhaix Plouguer. Une commune de 8.000 habitants au cœur du centre de la Bretagne.
De jolies rues pavées, de jolies maisons en pierres et ardoises. Dans la rue
principale, on découvre des petits fanions : entre autres des drapeaux basques
et palestiniens. Carhaix est jumelée avec un camp de réfugiés de Cisjordanie et
avec une commune du Pays basque
espagnol. Un autre jumelage verra bientôt
jour, avec Woodstock.
Carhaix serait-elle une ville
rebelle? Pas impossible. La dernière rébellion en date, c'est celle de 2008.
L'hôpital était menacé. La maternité et le bloc
opératoire avaient été fermés. Il y a eu chaque jour, pendant quatre mois, des
actions de contestation organisées par la population. Des manifestations à
Quimper, à Rennes, même à Paris. Un cortège dans Carhaix a même réuni 5.000
personnes un jour. C'est beaucoup dans une ville de 8.000 habitants.
Le tribunal administratif a fini par
leur donner raison. Tous les services ont rouvert. L'hôpital a survécu, et les
mamans des environs n'ont pas une heure de route à faire pour aller accoucher.
"Ici nos sorts sont tous liés"
Pour Marie-Laure Guillou, cadre
hospitalière et l'une des leaders de cette fronde de 2008, "cette mobilisation a été un évènement pour
Carhaix. Tout le monde s'est serré les coudes. Je me souviens que même les
écoles étaient mobilisées. Elles avaient confectionnées des banderoles. Ici, on
sait se serrer les coudes quand on a quelque chose de commun à défendre. C'est
parce que nous sommes depuis toujours isolés géographiquement. Nous ne sommes
pas des Bretons du bord de mer ou des Bretons urbains bien desservis. Du coup,
on a toujours dû se battre pour obtenir ou conserver des choses ",
analyse-t-elle avec du recul. Elle défilera samedi à Carhaix avec son bonnet
rouge. Le mouvement est
assez soutenu dans la commune.
Sur les vitrines de quasiment tous
les commerçants, on voit des affichettes qui disent leur solidarité avec les
salariés de Marin Harvest ou qui proclament ce slogan : "I ci on est sacrifié pas résigné ".
"Ici nos sorts sont tous liés. Des licenciements ? Cela signifie des
familles entières qui quitteront le centre Bretagne. Pour moi, ce sera un
manque à gagner considérable ", commente Meiwen qui tient un café dans
le centre bourg.
Le seul
lycée en langue bretonne de la région
Les maires successifs de Carhaix se
sont impliqués dans la défense de la culture bretonne. La commune accueille le
seul lycée Diwan de toute la région : un lycée d'enseignement en langue
bretonne, situé sur le site de Kerhampuilh. "Je crois savoir qu'on apporte quelque chose à la ville. Nos enfants
viennent des quatre coins de la Bretagne. Tous sont internes. Cette jeunesse
apporte son enthousiasme, sa fraîcheur, ses initiatives à la commune. Et puis ce sont des jeunes qui ont une
richesse particulière car ils ont choisi de faire vivre cette langue, et cela
dénote une ouverture sur la culture de cette région, mais aussi une ouverture
sur le monde ", commente, le directeur de l'établissement, Loeiz Donal.
Les élèves y suivent même leurs
cours de physiques et de mathématique en langue bretonne. "C'est sûr ici, ça n'est pas très grand et
pas toujours animé, mais il se passe quand même des choses, et l'ambiance dans
la ville est chouette. Nous sommes assez fières d'être ici à Carhaix dans ce
lycée unique qui nous apporte un regard un peu différent sur la vie ",
confient Maïna et Nina élèves de Terminale.
Stromae,
vedette des Vieilles Charrues 2014
A Carhaix, c'est en juillet que les
jeunes sont les plus heureux. La ville se transforme pour quatre jours de
festival. Ce sont les célèbres Vieilles Charrues, avec 250.000
spectateurs et 6.000 bénévoles. "Depuis
23 ans que ce festival existe, on a dû souvent batailler pour le faire vivre,
du fait précisément de l'enclavement de la ville ", raconte Jean-Luc
Martin président du festival.
Pour la mobilisation des Bonnets
rouges samedi, il a choisi de
jouer la solidarité, il apporte son soutien logistique. "La solidarité, l'ouverture, c'est tout à
fait l'esprit de notre festival où Neil Young peut côtoyer Pierre Perret. Notre
truc c'est la diversité musicale pour toucher un public le plus large possible ",
explique le responsable de l'évènement.
Cette année, les festivaliers
pourront notamment danser sur Stromae. Les organisateurs
ont révélé cette semaine qu'il serait une des têtes d'affiche de l'édition
- Pour se désaltérer - avec
modération - il y aura sans doute de la Coreff. La doyenne des bières bretonnes était
morlaisienne au départ, amis en 2008 la brasserie a déménagé.... à Carhaix.
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les dessous du mouvement breton
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