"Vous ne désirez que moi", Duras à la folie
Claire Simon filme Swann Arlaud en amant fou d'amour pour Marguerite Duras.
Claire Simon est une grande documentariste française, quand elle fait un pas de côté vers la fiction, le réel n'est jamais bien loin. Dans Vous ne désirez que moi, elle reconstitue un épisode singulier de la vie de l'écrivaine Marguerite Duras, dont l'ombre plane sur ce film.
En 1982, la journaliste Michèle Manceaux – Emmanuelle Devos – réalise une longue interview de Yann Andréa – Swann Arlaud – dans la maison de Duras, où ce jeune homme s'est installé, deux ans plus tôt. Yann Andréa a 30 ans, il n'est pas encore écrivain, Marguerite Duras en a 68, il vit chez elle dans les Yvelines, fan absolu de l'écrivaine et cinéaste. Bien qu'homosexuel, il devient son amant.
Leur relation est clairement déséquilibrée, elle en fait un personnage qu'elle dé-crée pour le recréer, pour reprendre ses mots. Le jeune homme se soumet, vivant dans une forme de masochisme sa passion pour Duras.
Dans de longs plans-séquences, Swann Arlaud livre une performance remarquable, qui éclaire cette histoire et la personnalité de Duras, bien qu'absente de l'image. Elle apparaît seulement dans des archives, où son mépris sans borne pour l'homosexualité en dit long sur cet étrange duo.
Great Freedom de Sebastian Meise
En 1872, le paragraphe 175 du code civil allemand criminalise l'homosexualité, les nazis durcissent l'arsenal répressif et à la chute du IIIe Reich, rien ne change. Après-guerre, 100 000 hommes ont été traduits en justice. Ce n'est qu'en 1969 que la législation est assouplie, et en 1994 que l'article 175 est abrogé.
"Cette histoire est une zone d'ombre de notre conscience collective."
Sebastian Meiseà franceinfo
Great Freedom, de l'autrichien Sebastian Meise, raconte cette histoire, quand, à la Libération, un rescapé des camps de concentration va directement en prison pour homosexualité, il y retournera souvent, et se liera d'amitié avec un criminel qui peu à peu abandonnera ses préjugés homophobes.
L'histoire entre ces deux hommes est belle, elle incarne la grande histoire, peu glorieuse de cette répression.
The Innocents d'Eskil Vogt
Voila un film de genre tourné à hauteur d'enfant dans le dos des adultes. Un été, dans une banlieue norvégienne en bordure de forêt, quatre enfants se découvrent des pouvoirs surnaturels, au début, c'est marrant quand ils déplacent des objets sans les toucher, ça l'est moins quand la télépathie leur permet de faire commettre des horreurs sans se salir les mains.
"Quand les enfants découvrent qu'ils ont des pouvoirs, ça devient un jeu."
Eskil Vogt, réalisateurà franceinfo
Pour Eskil Vogt l'enfance est une terre étrange, où la frontière entre le bien et le mal est encore floue. Ses personnages expérimentent et le genre leur permet d'aller très loin. C'est d'autant plus glaçant que les interprètes sont très convaincants et que le style du film est plutôt réaliste, sans effets spéciaux démesurés.
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