"L'odeur de la mandarine" : la quête du plaisir sur fond de guerre
Avec L'odeur de la mandarine , le réalisateur Gilles Legrand réussit un pari assez osé. En prenant pour toile de fond la première guerre mondiale, ses morts, ses blessés, ses veuves et ses orphelins, il entreprend d'ausculter le désir et le plaisir sexuel, à travers une rencontre entre un capitaine de retour de la guerre amputé d'une jambe, et une jeune infirmière qui elle vient de perdre son grand amour.
L'histoire d'une rencontre entre deux êtres meurtris
Entre eux va se nouer une véritable amitié, un dialogue riche et direct, puis un mariage de raison progressivement hanté par la question du plaisir. Un plaisir que le militaire voudrait donner à cette jeune femme mais qu'elle ne parvient pas à recevoir. Il s'en suit un long chemin vers celui-ci, encombré de fantômes, de jalousie, de frustration, de colère, de sincérité aussi et d'une vraie soif de vivre.
Un chemin que le film emprunte avec beaucoup de pudeur et de justesse, grâce notamment à des comédiens très impliqués, Georgia Scallet, nouvelle révélation de la Comédie Française, et Olivier Gourmet tout en finesse : "Le contexte ancrait immédiatement les personnages. Je pense qu'à l'époque, du fait de la violence de la guerre, les gens étaient d'autant plus enclins à reconstruire quelque chose, à aimer et à être aimés, parce qu'ils étaient en manque de ça ."
Le cinéaste Philippe Claudel, dont le dernier film Une enfance est toujours à l'affiche, vous conseille de ne pas manquer non plus celui de Jaco van Dormael, Le Tout Nouveau Testament, avec Benoît Poelvoorde en dieu bête et méchant, film qui, en un mois, a d'ores et déjà passé la barre des 700.000 spectateurs : "Je trouve que les films de Jaco van Dormael témoignent d'une adhésion à un cinéma qui balaye toutes les émotions, le rire, le tragique, la peur, l'angoisse, le comique, le burlesque. Moi qui connait bien la Belgique, je trouve aussi des liens avec le surréalisme belge, cette inventivité, cette auto-ironie qui nous fait souvent défaut à nous français ."
Parmi les personnages qu'il faudra aller découvrir mercredi prochain sur les écrans, il y aura Fatima, la mère musulmane toute entière dévouée à la réussite de ses filles et qui a donné son titre au nouveau film de Philippe Faucon, ou encore l'ermite cloîtré dans son immeuble de banlieue, joué par Gustave Kervern dans le film de Samuel Benchetrit Asphalte :
"On sent que c'est quelqu'un qui vit dans une profonde solitude, enfermé dans sa bulle, un peu radin, hermétique, mais, comme souvent au cinéma, le simple fait de s'interroger sur ce personnage fait qu'il y a une sympathie qui s'installe, et puis sortir des cadres assez bourgeois du cinéma français, des lofts parisiens, pour aller explorer d'autres lieux, c'est assez génial ."
Le box-office de la semaine
Le film de survie de Baltasar Kormakur, Everest , a pris la tête du classement hebdomadaire avec plus de 313.000 entrées en une semaine devant Marguerite, le film de Xavier Giannoli qui lui, en deux semaines, a passé la barre des 500.000.
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