Cinéma week-end. "Wulu" : premier film réussi de Daouda Coulibaly
Du sang, des larmes et de la drogue... Programme chargé cette semaine.
Wulu est le premier film de Daouda Coulibaly, entre film de genre et géopolitique de la drogue en Afrique. Quand le Mali s'effondre en 2012, du coup d'état à l’avancée djihadiste par le nord, il faut l'intervention militaire française pour que les médias s'y intéressent, sans pour autant donner les clefs de cette crise. Depuis que les narcotrafiquants sud-américains ont du mal à faire passer leur marchandise par l'Espagne, l'Afrique de l'Ouest est devenue leur terrain de jeu et le Mali une zone de passage incontournable.
Quand j'ai commencé à travailler, c'était un film d'anticipation, malheureusement la réalité m'a rattrapé
Daouda Coulibaly
Grâce à la corruption qui gangrène politiques et militaires, des tonnes de cocaïne remontent vers l'Europe et enrichissent au passage AQMI, Al Qaida au Maghreb Islamique. Dans Wulu, Ladji, 20 ans, travailleur acharné qui veut sortir sa sœur de la prostitution, succombe aux sirènes de l'argent facile et bascule, impassible, dans le trafic de drogue. Daouda Coulibaly maîtrise tous ses sujets, le film de genre, le document et l'intimité de ses personnages, c'est beaucoup pour un premier film.
Dans Free Fire de Ben Wheatley, il y a aussi des voyous et des armes
Mais ici, plus ça défouraille, plus on rit de cette farce qui sent la poudre. Un entrepôt dans une ville américaine des années 70, un rendez-vous nocturne pour une vente clandestine d'armes, et au bout de quelques minutes, le début d'une fusillade qui va durer une heure et demi. Ben Wheatley est anglais, il est à l'évidence fan de Tarentino, mais pas seulement, son humour et son audace ont plu à Martin Scorsese qui coproduit le film.
Personnages écrits au cordeau et joués aux petits oignons, répliques hilarantes, ce huis clos débordant d'hémoglobine est un remarquable exercice de style, qui certes est assez vain, mais qui démontre de vraies qualités de mise en scène. Tenir le public en haleine avec deux bandes rivales qui s'entretuent, il fallait oser, Ben Wheatley avoue que le plus difficile a été de maîtriser l'espace du tournage.
Retour à Montauk de Volker Schlöndorff, du beau mélo
Du beau mélo signé d'un réalisateur pas adepte du genre. Retour à Montauk de Volker Schlöndorff. Palme d'or à Cannes en 1979 pour Le Tambour, le très francophile réalisateur allemand, adepte de l'adaptation d'œuvres littéraires à l'écran, s'inspire librement d'un roman de Max Frish pour finalement raconter une histoire très personnelle.
Pendant le tournage j'ai senti que Volker Schlöndorff était très ému, très impliqué
Nina Hoss
A 78 ans, il était temps, Volker Schlöndorff a, comme son personnage - un écrivain qui vient à New York présenter son dernier roman - des choses à se faire pardonner auprès d'une femme qu'il a mal aimée, il y a très longtemps. Ce passé qui revient comme un boomerang face à l'océan, à Montauk, au bout de Long Island, c'est la très troublante Nina Hoss qui le prend en pleine face. L'actrice allemande, magnifique au théâtre mais encore trop rare au cinéma, n'est pas peu fière d'avoir tourné avec Volker Schlöndorff.
Le chouchou de la semaine c'est Salim Shaheen
Salim Shaheen, picaresque personnage réel du documentaire Nothingwood de Sonia Kronlund. Acteur-réalisateur-producteur d'une centaine de films de série Z en Afghanistan, son énergie débonnaire illumine ce film, malgré la guerre, les talibans, le manque d'argent, Salim Shaheen déborde d'espoir et de bonne humeur.
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