Cinéma week-end. "Ma'Rosa" dans l'enfer des bas-fonds de Manille
Alors que le Walt Disney de Noël, "Vaiana" fait exploser le box-office, Brillante Mendoza et Sébastien Betbeder nous font voyager des Philippines au pays des Inuits.
Rien de mieux qu'un Walt Disney de Noël pour booster les entrées en salles
Vaiana, la légende du bout du monde a réuni plus de 311.000 spectateurs le jour de sa sortie, c'est mieux que La Reine des neiges en 2013, et c'est la troisième meilleure sortie de l'année, derrière Camping 3 et L'Âge de Glace 5.
La quête de l'intrépide Vaiana pour sauver son île du Pacifique et sa rencontre avec le facétieux demi-Dieu Maui est avant tout un très beau film d'animation où la perfection de l'image atteint des sommets. Vaiana est un sage Disney, rien à voir avec Sausage Party de Sony Pictures, la saucisse lubrique scandalise les milieux ultra-catholiques, ce qui pourrait bien aider à la promotion du film qui fait un démarrage poussif!
Ma'Rosa de Brillante Mendoza, du grand cinéma
Il a valu à l'actrice philippine Jaclyn Jose le prix d'interprétation féminine au dernier festival de Cannes. Trafic de drogue, corruption, c'est une plongée dans les bas-fonds de Manille. On dirait du documentaire, mais c'est du grand cinéma, c'est la marque de fabrique de Brillante Mendoza. Ma'Rosa est une mère courage, grande gueule et attentionnée, qui pour faire vivre sa tribu vend du crystal, la drogue des pauvres, planquée dans les bocaux de bonbons de son échoppe misérable.
Quand des choses qui ne devraient pas exister deviennent un mode de vie, il faut en parler
Dans cette jungle urbaine, la seule loi c'est la survie, alors elle est dénoncée et avec son toxico de mari, elle se retrouve au poste où les récalcitrants se font salement tabasser. Avec les flics le deal est simple : une grosse enveloppe sous la table et ils seront libres, ce sont les enfants qui vont trouver l'argent dans une folle course nocturne. Le plus frappant c'est que tout semble normal. Ce qui est encore plus déroutant, c'est que Brillante Mendoza soutient le nouveau président philippin, Rodrigo Duterte, qui mène une guerre sans merci contre la drogue, sa méthode : tuer des centaines de consommateurs et de dealers, sans le moindre jugement.
Voyage au Groenland
Enfin comment résister au périple potache et décalé des deux "adulescents" du Voyage au Groenland, 5e film de Sébastien Betbeder...
Thomas Blanchard et Thomas Scimeca interprètent deux trentenaires parisiens, plus ou moins comédiens de théâtre, qui vont à la rencontre du père de l'un des deux Thomas dans le nord du Groenland. Le vieil homme vit là-bas, au milieu des Inuits et le moins qu'on puisse dire, c'est que les deux touristes paumés sur la banquise vont vivre un vrai choc culturel. Chaque rencontre avec les autochtones est un sommet d'incompréhensions mutuelles.
De la dégustation du foie de phoque cru aux courses de traineaux à chien, tout est prétexte à décaler le regard avec juste ce qu'il faut de poésie et d'humour, sans jamais tomber dans la condescendance anthropologique. Point d'orgue de ce grand écart entre les Inuits et les deux parisiens, la tentative d'explication du régime des intermittents du spectacle à un taiseux chasseur de phoques...
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