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Cinéma week-end. La mélancolie de combat de Robert Guédiguian

Dans La Villa, le réalisateur marseillais s'arrondit, mais sa colère est intacte.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La Villa (Diaphana Distribution)

Depuis 37 ans, Guédiguian nous observe et passe par le conte pour dire sa colère

20 ans après Marius et Jeannette, son premier grand succès public, Robert Guédiguian signe avec La Villa son 20e film, sans doute le plus intimiste. Dans la calanque de Méjean au nord de Marseille, paradis perdu d'une classe ouvrière dévorée par la mondialisation, la tribu Guédiguian se retrouve. Ariane Ascaride, Jean-Paul Darroussin et Gérard Meylan sont dans La Villa une fratrie réunie autour d'un père mourant. La vie a abîmé ces personnages, les illusions perdues et une tragédie passée ont eu raison de leur belle insouciance.

Je sens que les gens sont épatés par le film

Jean-Pierre Darroussin

C'est une autre fratrie, trois gamins réfugiés rescapés d'un naufrage qui va réenchanter la tribu. Le réalisateur reste un révolté, mais passe par l'intime pour toucher le spectateur, l'interroger, lui dire : et toi, ouvrirais-tu ta porte à des enfants perdus qui demandent asile ? Ce film bouleverse d'autant plus qu'on réalise à quel point Robert Guédiguian nous accompagne depuis si longtemps.

Problemski Hotel : premier opus poétique et grinçant de Manu RIche

Manu Riche a lui aussi choisi pour son premier film de parler des réfugiés, Problemski Hotel est comme son auteur, belge, absurde, poétique et grinçant. Manu Riche est passé par le documentaire et l'inclassable Striptease. Il adapte ici un roman de Dimitri Verhulst, déjà auteur de La merditude des choses, qu'un autre belge, Felix Van Groeningen a porté à l'écran. Le Problemski Hotel est l'immeuble désaffecté d'une banque où séjournent des demandeurs d'asile venus de l'est, du Proche-Orient et d'Afrique.

Dans la poésie il y'a toujours quelque chose de très cruel

Manu Riche

Plombés par la certitude qu'ils n'ont que très peu de chances d'être acceptés en Belgique, ils tuent le temps comme ils peuvent et le film déroule des scènes surréalistes où les cultures s'entrechoquent, entre impuissance européenne et espoirs brisés. Au centre de cette fable très chorégraphiée, Bipul, réfugié amnésique, personnage le plus poétique de la galerie dessinée par Manu Riche.

12 jours de Raymond Depardon, voyage en psychiatrie

Raymond Depardon lui n'a besoin que de deux caméras, pour faire deux plans fixes et nous donner une leçon de cinéma. 12 jours est un voyage aride en psychiatrie. Le documentariste filme les audiences qui se tiennent à l'hôpital, entre un juge de la détention et des libertés, et des personnes internées sous contrainte. La totalité de ces patients restera hospitalisée, mais Raymond Depardon fixe ce moment pendant lequel ils sont considérés, peuvent s'exprimer. Ce sont des souffrances contemporaines qui défilent devant nous, et il y a malgré tout dans 12 jours une note d'espoir.  

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