Pourquoi l'accord entre l'UE et le Qatar suscite des inquiétudes dans le secteur aérien
La signature d'un accord de libre-échange entre l'Union Européenne et le Qatar crée une levée de boucliers de la part des compagnies aériennes européennes.
"Incompréhensible", "néfaste", "déséquilibré", la signature d’un accord de libre-échange, lundi 18 octobre, entre le Qatar et l’Union européenne suscite la colère des compagnies aériennes du vieux continent.
Entré en vigueur sans même attendre la ratification interne des 27 États membres, ce texte va permettre à la compagnie Qatar Airways, de desservir n’importe quelle ville en Europe sans aucune restriction de capacités ou de fréquences de vols et de faire ainsi, fonctionner son hub de Doha à plein régime vers l’Europe.
Que prévoit l'accord ?
Certes, ces droits ont également été octroyés aux transporteurs européens, mais ils sont bien moins intéressants, déséquilibrés au regard du faible volume que représente la desserte de Doha pour Air France, Lufthansa ou British Airways.
Sur l’activité Cargo, cet accord va même encore plus loin. Il octroie à Qatar Airways, un droit de cinquième liberté, qui offre à la compagnie Qatarie la possibilité d’effectuer des vols entre l’Union Européenne et n’importe quel pays tiers.
Or depuis la pandémie de Covid, le secteur du fret aérien a pris une importance considérable. S’il représentait environ 15% de leurs recettes avant la crise, il pèse désormais près de 30%.
Avant la fin de l'année, Qatar Airways pourra ainsi relier directement Paris à Chicago. Une aubaine pour la compagnie du Golfe qui possède une imposante flotte tout cargo, vingt-six 777 F et deux Boeing 747-8F.
Des contreparties attendues
À titre de comparaison, le groupe Air France-KLM ne possède plus que six appareils entièrement dédiés entièrement au cargo après avoir pris la décision, il y a plus de dix ans de se concentrer sur le fret en soute. Avec cet accord, le premier du genre avec un pays du Golfe, Bruxelles espère obtenir de Qatar Airways des contreparties notamment en matière de respect des règles de la concurrence, de droit social et de transparence de ces comptes, afin d’éviter le versement d’aides illimitées de la part de l’Émirat.
Mais en l’absence de mesures coercitives, peu de chances que ces clauses soient totalement respectées, d’autant que depuis le début des discussions autour de cet accord en 2016, la donne a évolué. Touchées de plein fouet par la crise sanitaire, les principales compagnies européennes ont toutes reçu d’importantes aides de leurs États respectifs : 7 milliards d’euros pour Air France, 3 pour KLM, 9 pour Lufthansa.
Des aides largement conditionnées au feu vert de la commission européenne. Difficile et mal venu dans ces conditions, de blâmer Qatar Airways.
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