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Chroniques du ciel. Un crématorium aux allures d’aéroport !

C’est un aéroport un peu particulier qui a ouvert ses portes il y a quelques jours à Bardoli, dans l’ouest de l’Inde, dans l’État du Gujurat.

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Beniada
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Deux répliques d'avion ornent l'aéroport du "dernier vol pour le salut".

 (HIRAL DAVE / HINDUSTAN TIMES)

Dernier vol avant l'au-delà...

C’est un aéroport un peu particulier qui a ouvert ses portes il y a quelques jours, à Bardoli en Inde, dans l’État du Gujurat. Cette petite ville abrite le "Last Flight to Salvation Airport", traduisez littéralement "L’aéroport du dernier vol pour le salut".

En fait, il s’agit d’un crématorium un peu vieillissant, qu’il a fallu rénover et repenser, comme un aéroport. Plutôt insolite. À l’origine de ce projet, Somabhai Patel, président d’un puissant groupe industriel. Après tout, s’est dit notre homme d’affaires "la mort n’est qu’un départ pour un voyage un peu plus long".

Dans cet aéroport, on trouve donc "un terminal des départs" où sont positionnés autour de portes d’embarquement numérotées, trois incinérateurs électriques et deux fours à bois plus classiques. Au début de la cérémonie, les familles sont invitées par des annonces vocales à se présenter à l’une des "portes d’embarquement".

Tout le décorum suit les codes d’un aéroport

La salle d’attente est surmontée d’un panneau annonçant une longue liste de destinations. Et pour transporter les âmes des défunts vers le ciel, deux répliques d’avions des compagnies Air Paradis et Air Délivrance. Ça ne s’invente pas. Au moment de l’incinération, le bruit d’un avion au décollage, diffusé par de puissants haut-parleurs pour masquer le son des brûleurs. Une fois l’incinération terminée, le son d’un avion à l’atterrissage, un aller simple, sans retour vers les cieux. 

La seule différence avec un véritable aéroport, c'est qu'ici, pas de Duty Free, mais des affiches de prévention contre le tabagisme et la consommation d’alcool. Pour Somabhai Patel, il s’agit d’accompagner le deuil, en concrétisant l’image de l’envol vers la vie éternelle comme un décollage aéronautique : "l’âme du défunt vient seulement de partir en voyage" dit-il.

Réservé aux hindous, le crématorium, gratuit pour les pauvres, est géré par un trust

Ce crématorium est gratuit pour les plus pauvres, à qui l’on demande juste de faire un don pour l’entretien des lieux. Il s’agit là du premier site cinéraire à thème équivalent, dans sa conception, à un parc de loisirs. Plutôt étonnant dans un pays où les traditions séculaires imposaient jusqu’à présent des crémations publiques au bord de rivières sacrées, notamment où les fils aînés devaient fracasser le crâne des parents pour faciliter l’accès au ciel de l’esprit.

Ce concept d’aéroport crématorium est sans doute en train de modifier le rapport à la mort de la société indienne. Il passionne les chaînes de télévision de tout le pays, curieuses de découvrir cet aéroport "du dernier vol pour le salut".        

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