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Chroniques du ciel. Entre crise et pétrole

Va t-on assister à un nouveau retournement de cycle dans le transport aérien ?

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Beniada
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Avion décollant d'une piste de l'aéroport de Nantes-Atlantique, décembre 2018.  (MIKAËL ROPARZ / FRANCE-BLEU NATIONAL)

Le transport aérien est un secteur à la santé économique fragile. Les marges des compagnies sont faibles, aux alentours des 5%. Conséquence, à la moindre hausse des prix du carburant, au moindre ralentissement de l’économie mondiale, le marché peut très vite se retourner et fragiliser de nombreux transporteurs.

L’Europe semble particulièrement impactée

Ces derniers mois, l’islandaise Wow Air, la scandinave Primera, et la britannique Flybmi en ont lourdement fait les frais. Norwegian n’a dû son salut qu’à une intervention surprise de l’Etat pour la sauver, malgré un endettement record. Comme Lufthansa, Air France et KLM sont repassées dans le rouge au premier trimestre. Air France a perdu plus de trois millions d’euros par jour. En Europe, seule IAG, la maison-mère de British Airways et d’Iberia a mieux résisté.

Ces mauvais résultats contrastent fortement avec les perspectives de l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) qui prévoit pour l’ensemble du secteur une forte hausse des bénéfices en 2019 et toujours une forte croissance du transport aérien mondial. Ces résultats s’expliquent, en partie, par la forte hausse des prix du carburant depuis l’été dernier et une surcapacité du nombre de sièges offerts. Cette concurrence effrénée conduit les compagnies à fortement baisser leurs prix.

De ce fait, elles voient, leur recette unitaire diminuée, ce qui rend leur équilibre financier de plus en plus improbable. A titre d’exemple, le prix moyen d’un vol sur Ryanair se situe aujourd’hui sous la barre des 30 euros. Avec ces difficultés sectorielles, les compagnies européennes ont également subi la dépréciation de l’euro face au dollar depuis l’an dernier.

De nombreux petits transporteurs seront touchés

Dans cette situation, il est clair que de nombreux petits transporteurs ne survivront pas, à moins d’une consolidation du secteur, de fusion ou de rapprochement. La solution serait alors de réduire l’offre, de diminuer le nombre de fréquences, ce qui mécaniquement ferait augmenter le prix du billet pour le passager. Dans le secteur de l’aérien, le darwinisme économique a toujours bien fait son travail.

Pour survivre, il faut être performant, et disposer d’une taille critique. Nombre de compagnies françaises n’ont pas cette taille et sont vouées à disparaître. Lors des assises du transport aérien, l’an dernier, l’Etat français n’a sans doute pas mesuré l’ampleur de la crise qui touche son pavillon. Un secteur qu’il ne considère visiblement pas comme stratégique pour l’économie du pays.  

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