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Chroniques du ciel: Bertrand Piccard, la crise sanitaire et l'aviation du futur

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Bertrand Piccard s'exprime sur la façon dont il a véçu la crise sanitaire et sa vision de l'avenir de l'aviation 

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Bertrabd PIccard (au premier plan)à Sarreguemines, le 25 novembre 2019, lors de sa tentative de record du monde d'autonomie d'un véhicule à hydrogène (700 km).  (MAXPPP)

franceinfo : Vous nous accueillez chez vous en Suisse sur les hauteurs de Lausanne dans votre petit musée où l'on trouve des milliers d'objets ?

Bertrand Piccard : "C'est vrai que j'adore collectionner les objets de l'histoire de l'aviation, les pionniers de l'aéronautique m'ont toujours fasciné, tout ceux qui, pour chaque mètre d'altitude supplémentaire, ont risqué leur vie, ont inventé, ont développé de nouvelles technologies, ça me fait rêver, ça me stimule, en fait je suis très tourné vers l'innovation et l'avenir mais j'adore les vestiges du passé."

Comment avez vous vécu cette crise sanitaire Bertrand Piccard ?

"Comment toutes les crises, j'essaie de voir ce que je peux en apprendre, car si on ne sort pas meilleur qu'avant, c'est que la crise n'a servi à rien, ce que j'ai appris, c'est le télétravail avec ma fondation, j'ai remplacé tous mes voyages, mes conférences par des "Zoom" (NDLR : des réunions virtuelles, en ligne). Au début, on se dit "Je ne pourrai rien faire" et finalement on fait quatre fois plus, puisqu'au lieu de voyager et de faire un aller/retour dans une capitale européenne, on fait quatre conférences par jour"

Cette crise va accélerer la transition écologique, certains disent "Arrêtons de prendre l'avion", vous cautionnez ?

"Non, je ne cautionne pas la stigmatisation d'un seul secteur pour que certains puissent se donner bonne conscience en polluant ailleurs ; quand on reste chez soi et que l'on fait du streaming vidéo, on pollue autant de C02 ! Ce n'est pas du tout la manière dont je fonctionne, il faut collaborer avec le monde de l'aviation, avec le monde du textile et même le monde pétrolier ; on voit que les pétroliers cherchent pour certains des diversifications dans des biocarburants de 3e génération qui pourront aussi servir à l'aviation, mais surtout pas avec de l'huile de palme".

On sait que dans l'aviation les cycles sont extrèmement longs, comment accélerer cette transition ?

"Par le fait qu'il y aura peut-être de moins en moins de clients et pour sauver les compagnies, il faudra mettre des avions de plus en plus propres, il faut revenir à l'innovation. Entre 1903 et 1960, il y a eu énormement d'innovation, de l'avion des frères Wright au Boeing 707, depuis il n'y a que de l'optimisation, sans rupture technologique. ll faut trouver cette rupture technologique, avec des avions à hydrogène, ou des avions électriques. On a une fenêtre de tir idéale avec cette crise, puisque l'économie mondiale s'est écroulée, et maintenant il faut reconstruire.

Il faut mettre des conditions pour reconstruire cette industrie sur des bases plus modernes de technologie. Sur l'aviation ça mettra plus de temps mais sur la voiture, il faut le faire immédiatement. C'est inadmissible de continuer à fabriquer des voitures avec des subventions d'Etat, quand elles sont aussi polluantes qu'avant la crise.

Bertrand Piccard

L'avion du futur, il ressemble à quoi ?

"Je pense que les petits avions de tourisme seront des avions avec des batteries, c'est déjà possible aujourd'hui, les moyens courriers fonctionneront avec des bio-carburants ou de l'hydrogène et puis pour les vols très longs, je rêve du suborbital, vous décollez de Paris, vous coupez les moteurs après 10 ou 15 minutes et vous continuez en vol parabolique, comme l'a fait Alan Shepard avec le premier vol Mercury dans les années 60, vous coupez le moteur et vous êtes en vol suborbital à très haute altitude et vous vous reposez après 1 h 30, là on gagnera beaucoup de temps, on économisera  énormement d'énergie, et on montrera que l'aviation redevient innovante, il faut sortir de la paresse de l'habitude pour se dire, comment pouvons nous faire encore mieux dans le futur"

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