Chroniques du ciel: Airbus s'offre le CSeries de Bombardier
Secoué par une profonde crise interne, des soupçons de corruption, des commandes en berne, Airbus tente une offensive en reprenant le programme CSeries du Canadien Bombardier.
La participation d'Airbus
En prenant, sans verser un centime, par échange d’action, une participation majoritaire, dans le programme CSeries du canadien Bombardier, Airbus, lance un pari qui fait sens et pour plusieurs raisons. D’abord, il permet, de mettre entre parenthèses, durant quelques temps, la profonde crise interne traversée par le constructeur européen, les soupçons de corruption et les inquiétudes des salariés du groupe face à des commandes en berne.
A plus long terme, il devrait permettre à Airbus, de compléter sa gamme, sur des avions de 110 à 150 sièges, entre l’ATR et l’A320 et de rattraper son retard face à Boeing Outre-Atlantique, sur le marché des appareils monocouloirs régionaux. Une alternative intéressante pour les compagnies américaines avec un appareil nettement moins cher, aux alentours, des 30 millions de dollars pour un CSeries 100 contre 90 millions pour un A320.
Accord gagnant pour Bombardier
Un accord gagnant également pour Bombardier, dont l’avenir semblait plutôt sombre, depuis la décision américaine d’imposer des pénalités anti-dumping de 300% aux futures livraisons de CSeries à Delta Airlines. Une mesure de représailles, sous la pression de Boeing, qui estime que si Bombardier a pu se placer auprès de Delta Airlines, c’est en partie grâce à des prix cassés liés aux subventions que reçoit le constructeur Canadien.
Pour contourner ces taxes punitives à l’importation, Airbus devrait installer une chaine d’assemblage de CSeries à Mobile dans l’Alabama, pour produire des CSeries « 100% Made in USA», là où Airbus assemble déjà des 320 pour le marché américain.
Pour autant, ce pari n’est pas totalement sans risque pour Airbus. Depuis son lancement en 2008, le programme C-Series a multiplié les pertes après des problèmes techniques à répétition, des coûts de production élevés et un accueil mitigé de la part des compagnies aériennes.
Pour inverser cette tendance, Airbus, mise sur sa puissance commerciale, son expertise en matière d’achats, de vente et son service clients. Peut-être de quoi inquiéter Boeing avec un avion très compétitif, à l’époque tué dans l’œuf par l’ancien directeur commercial d’Airbus, un certain John Leahy, aujourd’hui retraité.
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