Maxime, centriste de 19 ans : "FN et Front de Gauche tous les deux aussi peu fréquentables"
Jusqu'à son arrivée à Lyon il y a dix-huit mois, Maxime n'était pas encore
clairement affilié, politiquement. Issu d'une famille de gauche, fils de
commerçants athés, il suivait la politique parce qu'il voulait suivre un cursus
de relations internationales, mais hormis un intérêt pour Barak Obama et le
souci des questions scolaires, il ne se serait pas présenté comme militant.
Toutes ces années comme délégué de classe durant toute sa scolarité auraient
donc fini par germer ? Aujourd'hui, Maxime milite, il a pris sa carte au MoDem
en 2010. À l'époque, il venait d'entrer en fac de droit et science politique à
Lyon, il prenait son envol, et s'affranchissait du giron familial.
Sa nouvelle
famille politique sera donc centriste. La droite, Maxime l'a exclue très vite,
parce que trop dure, trop sécuritaire, trop clivante. L'étudiant ajoute aussi
que les Jeunes pop sont "sûrement " ceux avec qui il a le plus de peine
à débattre, comme IRL
("dans la vraie vie").
Il a aussi fait l'impasse sur la gauche, obsédée par les questions de
personnes, les combats entre courrants. Une certaine proximité avec le Front de
Gauche, aussi : Maxime ne comprend pas que des électeurs socialistes puissent
crier au loup quand la droite s'allie au FN alors que le PS n'a jamais cillé à
l'idée de faire venir au gouvernement des élus communistes. Aujourd'hui, Front
de Gauche et Front national lui semblent tout aussi
"infréquentables ".
Professeur de science politique à Amiens et
spécialiste du centre, Julien
Fretel était invité sur le plateau de Carte d'électeur. Il a retrouvé dans
cet extrait du témoignage de Maxime une constante de l'électorat centriste. Pour
lui, l'anticommunisme a toujours charpenté le corpus idéologique au centre. Et
continue de peser.
Pourtant, Maxime se distingue par plusieurs aspects de l'électorat
chrétien-démocrate qui faisaient autrefois la clientèle électorale de l'UDF. Il
est athé, dit que la religion n'impacte pas son vote. Si on insiste même si ça
le crispe de devoir se positionner, il finit par dire qu'il pencherait même
plutôt à gauche. Très présent sur les réseaux sociaux, plutôt articulé autour
d'une fibre sociale, plus jeune aussi que les militants traditionnels de l'UDF,
Maxime est emblématique du renouvellement de l'électorat MoDem.
Auteur d'une
thèse sur l'UDF, Julien Fretel a distingué sur le plateau de Carte
d'électeur une série de critères qui permettent d'affirmer que la socilogie
centriste a mué. L'universitaire indique par exemple qu'il rencontre de nombreux
sympathisants issus de l'immigration, qui voient dans Bayrou le fils de paysan
une alternative entre l'UMP et son débat sur l'identité nationale ("Une
bonne idée à la base, nauséabonde au final", d'après Maxime).
Autre nouveauté : un grand nombre de militants du logiciel libre, raconte
encore Julien Fretel. De fait, Maxime est très friand de nouvelles technologies,
très présent, aussi, sur le Net, où il tient un
blog et débat sur des sites
d'actualité.
En 2007, François Bayrou n'avait donné aucune consigne de vote. Entre les
deux tours, il s'était contenté d'annoncer qu'il ne voterait pas pour Nicolas
Sarkozy. Puis silence, longtemps. C'est beaucoup plus tard qu'il racontera avoir
finalement voté blanc au second tour. D'après les sondeurs 20% de ses six
millions d'électeurs auraient fait de même. Le reste se répartissant, à
proportions équivalentes, entre les bulletins Royal et Sarkozy.
Maxime, lui, ne se positionne pas encore dans l'hypothèse d'un second tour
Hollande-Sarkozy. Il veut croire aux chances de son mentor. Mentor qui a
d'ailleurs aujourd'hui un leadership plus affirmé que par le passé au centre,
explique Julien Fretel.
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